Gloria Steinem. Ms. America

GLORIA STEINEM, LES DATES CLÉS
1934 Naît à Toledo (Ohio)
1957-1958 Passe deux ans en Inde, une expérience qui aura une influence profonde sur son parcours d’activiste
1963 Publie « A Bunny’s Tale », l’un de ses articles les plus célèbres, pour lequel elle se fait embaucher dans l’un des clubs de Hugh Hefner, le fondateur de Playboy
1971 Cofonde le National Women’s Political Caucus, une organisation bipartisane consacrée à la promotion des femmes en politique
1972 Cofonde le magazine féministe Ms.
1983 Publie Actions scandaleuses et rébellions quotidiennes (trad. fr. Éditions du Portrait, 2018), son premier livre sur son parcours militant
2017 Prend la parole à la Women’s March de Washington, le lendemain de l’entrée en fonction de Donald Trump
2020 Devient un personnage de la minisérie Mrs. America (visible sur la plateforme MyCanal) et du film The Glorias (disponible sur Amazon Prime), et sort en France son dernier ouvrage, La vérité vous libérera, mais d’abord elle vous mettra en rage (HarperCollins)

Ces derniers temps, Gloria Steinem prend moins souvent la route. Cette route qui, de rencontre imprévue en choc culturel, a profondément façonné la journaliste et militante, lui fournissant même en 2015 le titre de son autobiographie, Ma vie sur la route. Mémoires d’une icône féministe (trad. fr. HarperCollins, 2019). Mais en cette fin d’année 2020, il n’est plus question de voyages. La pandémie de Covid-19 est passée par là, reléguant des salles obscures à nos petits écrans le film biographique The Glorias, où Alicia Vikander et Julianne Moore incarnent Steinem à différents âges de sa vie, et transférant conférences et débats sur Zoom. C’est par ce biais, une petite semaine avant la présidentielle américaine, que nous l’interrogeons depuis la Californie à l’occasion de la parution française d’un mince recueil d’aphorismes, slogans et autres citations percutantes, La vérité vous libérera, mais d’abord elle vous mettra en rage (HarperCollins). Et à la fin d’une campagne qui, entre la pandémie et le refus de Donald Trump de reconnaître son éventuelle défaite, n’a ressemblé à aucune autre. Un « AH ! » sonore retentit, mi-exaspéré mi-hilare, quand on l’interroge sur son état d’esprit à l’approche du verdict : « Je m’inquiète toujours [rire] : je peux imaginer Trump en train de faire retirer toutes les boîtes aux lettres, mais j’espère, et je crois, que tout ira bien. » La suite lui a donné raison, du moins en ce qui concerne le résultat final.

Le 21 janvier 2017, au lendemain de l’entrée en fonction de Trump, Gloria Steinem fait partie des centaines de milliers de femmes défilant dans les rues de Washington à l’occasion de la Women’s March. Elle prend la parole devant des manifestantes qui, pour certaines, ont soixante ans de moins qu’elle, et en qui Steinem reconnaît, comme ensuite lors de l’émergence du mouvement #metoo, l’écho de ses combats passés. C’est au même endroit, au cours d’une autre marche sur Washington, celle pour les droits civiques du 28 août 1963, qu’elle prend conscience de la privation de parole dont sont victimes les femmes, même dans les mouvements progressistes. Ainsi que la puissance de son surgissement, quand la grande chanteuse de gospel Mahalia Jackson interpelle Martin Luther King au milieu de son discours : « Tell them about the dream, Martin ! » (« parle-leur du rêve, Martin ! »).