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Le démocrate Joe Biden, 78 ans, est le plus vieux candidat de l’histoire des élections présidentielles américaines. © Olivia Sun/Des Moines Register/Imagn/USA Today Network/Sipa

Présidentielle américaine

Gérontocratie : une vieille histoire américaine

Jean-Marie Pottier publié le 28 septembre 2020 3 min

Sur la scène du premier débat pour la Maison Blanche, organisé le 29 septembre à Cleveland (Ohio), plus de cent cinquante ans combinés vont se faire face. Un coup de vieux inédit pour la démocratie américaine : s’il est réélu et va au bout de son second mandat, Donald Trump, 74 ans à ce jour, deviendra le plus vieux président à quitter son poste devant Ronald Reagan, tandis que Joe Biden, qui fêtera ses 78 ans fin novembre, serait de très loin le plus vieux président élu de l’histoire. Ce vieillissement se confirme à d’autres échelons du pouvoir (Chambre des représentants, Sénat...) et suscite des commentaires inquiets outre-Atlantique sur l’émergence d’une « gérontocratie ». Une gérontocratie qui, malgré quelques contre-exemples marquants, de JFK à Obama, n’aurait d’ailleurs rien d’étrangère à la tradition politique américaine : dès le début, celle-ci a mis l’accent sur l’expérience des dirigeants, en allant puiser pour cela dans la philosophie antique ou dans l’utopiste britannique James Harrington.

Inchangé depuis 1787, l’article II clause 5 de la Constitution américaine dispose qu’il faut au moins 35 ans pour se présenter à la présidence. Si l’on estime aujourd’hui qu’environ deux tiers des électeurs ont également l’âge de de se porter candidat (mais pas, par exemple, la star de la gauche américaine Alexandria Ocasio-Cortez, qui les aura juste avant l’élection 2024), cette proportion était évidemment bien plus basse il y a deux siècles, à l’époque où les plus de 35 ans représentaient à peine 20 % de la population.

La Convention de Philadelphie, chargée d’élaborer la Constitution, n’a laissé que peu de traces de débats sur le sujet, et deux hypothèses s’affrontent. Le juriste Akhil Reed Amar voit dans cet âge élevé l’aspiration à une rupture démocratique : l’idée était d’empêcher qu’un jeune général puisse se présenter dans la foulée de ses triomphes militaires ou qu’un président puisse tenter de créer une monarchie élective en mettant sur orbite l’un de ses enfants tout juste majeur. Argument qui prend une teinte ironique aujourd’hui à l’heure où Donald Trump Jr. et Ivanka Trump sont présentés comme de possibles héritiers de leur père dès 2024...

D’autres chercheurs, en revanche, mettent l’accent sur l’aspect traditionnel de ce choix de l’âge. Dans une étude publiée en 2016, l’historien Neil York argue ainsi que les Pères fondateurs « ont silencieusement, et même subconsciemment, suivi Platon ». Dans le livre VII de la République, celui où l’on trouve l’allégorie de la caverne, Socrate explique en effet à Glaucon qu’il faudra former au dialogue philosophique, pendant « mettons cinq ans », ceux qui, « lorsqu’ils auront passé les trente ans », auront montré les plus grandes aptitudes aux études et à la guerre. Il sera temps, ensuite, de « les faire redescendre dans la caverne […] et les contraindre à exercer la direction dans le domaine de la guerre, et dans toutes les fonctions de direction propres aux jeunes gens ».

S’il est difficile de savoir exactement quel intérêt les Pères fondateurs avaient pour Platon, l’historien John Seery, qui a publié un essai réclamant l’abaissement à 18 ans de l’âge minimal pour être président, relève qu’ils ont aussi, notamment le futur président John Adams, été influencés dans leur réflexion par les travaux du philosophe anglais James Harrington (1611-1677). Dans La Communauté d’Oceana, publié en 1656, ce dernier décrit en grand détail la Constitution d’une société imaginaire dont les adultes sont divisés en deux catégories : les jeunes, âgés de 18 à 30 ans ; les aînés, âgés de plus de trente ans. Alors que les jeunes forment l’armée de la Cité, les fonctions électives y sont réservées aux aînés. À l’appui de cette division propice à créer une « aristocratie naturelle », Harrington cite son aîné Francis Bacon : « Les erreurs des jeunes gens les portent souvent à la destruction. Celles des vieillards sont différentes. Ils manquent ordinairement en ne faisant pas assez, ou pas assez tôt. » Les plus jeunes citoyens, en quelque sorte, ne pourraient pas exercer la direction de la cité car ils n’ont pas encore mûri leurs qualités ou purgé leurs défauts : comme l’écrivait un journal de Pennsylvanie quelques semaines à peine après l’adoption de la Constitution, le président « ne peut pas être un idiot, et probablement pas une canaille ou un tyran, car ceux que la nature rend ainsi le révèlent avant l’âge de 35 ans ». Un âge auquel Joe Biden était déjà sénateur, l’un des plus jeunes de l'histoire de son pays, tandis que Donald Trump n'était connu que comme homme d'affaires, bien loin de ses rêves de Maison Blanche.

Et si les voix des personnes âgées comptaient moins ? L’hypothèse d’Andrei Poa…
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