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(cc) Wikimedia Commons / Shih-Lun CHANG

Entretien

Gayatri Spivak : “On n’est pas subalterne parce qu’on le ressent !”

Gayatri Chakravorty Spivak, propos recueillis par Jonathan Chauveau publié le 29 mars 2011 12 min

Star indienne des campus américains, Gayatri Spivak est marquée par la pensée de Jacques Derrida, le marxisme et le féminisme. Elle est l’une des figures de proue des Subaltern Studies, discipline qui entend redonner la parole à des populations ignorées par l’histoire officielle.

 

Dans votre récent Nationalisme et Imagination, vous évoquez les événements tragiques qui ont accompagné l’indépendance indienne en 1946-1947. Cette expérience a-t-elle été importante pour votre formation intellectuelle ?

Gayatri Spivak : Les émeutes et les violences religieuses entre hindouistes et musulmans, auxquelles j’ai assisté à cette époque, ont marqué à jamais l’enfant que j’étais. Elles m’ont fait perdre toute foi en la religion comme moyen de libération et d’accès transcendantal à la justice. Avec le recul, cela m’a permis aussi de comprendre que toute construction identitaire, à l’instar de l’identité nationale indienne, a quelque chose à voir avec l’imposition de stéréotypes imaginaires. Je ne parle pas ici uniquement de la construction d’une identité nationale mais bien de toutes les formes d’identité.

 

Est-ce aussi de là que date votre adhésion intellectuelle au communisme ainsi que votre engagement féministe ?

Gayatri Spivak en cinq dates

  • 1942 Naissance à Calcutta
  • 1959 Maîtrise d'anglais à l'université de Calcutta
  • 1988 Parution de Les Subalternes peuvent-elles parler?
  • 1991 Commence à enseigner à l'université de Columbia (à New York)
  • 1997 Création de l'ONG The PAres Chandra and Sivani Chakravorty Memorial Education Project, spécialisée dans l'éducation des enfants des régions les plus pauvres du monde

Quand on me parle de mon engagement communiste, on pense immédiatement au totalitarisme. Mon expérience est très éloignée de tout cela ! Je viens de la partie occidentale du Bengale qui est un « État démocratique parlementaire » gouverné par des communistes depuis 1977. Ma famille, elle-même de tradition communiste, m’a initiée au marxisme intellectuel dès l’âge de 15 ans en m’offrant un exemplaire en anglais du Capital de Marx. Dès la fin du premier volume, j’avais le sentiment que ce livre devait être lu par tout le monde. Mon engagement dans le domaine du genre et de la différence sexuelle – le terme « féminisme » est insuffisant ici –, je le dois également à ma famille, tout particulièrement à ma mère, à ma grand-mère et, de manière générale, à une culture « féministe » très présente dans mon entourage.

 

Vous avez émigré aux États-Unis en 1961. En 1976, vous publiez la traduction anglaise de De la grammatologie, de Jacques Derrida, avec une préface qui fit date dans la réception de sa pensée aux États-Unis. Comment avez-vous découvert sa philosophie ?

Cette rencontre intellectuelle est due au hasard le plus pur ! En 1967, j’étais une jeune professeure assistante à l’uni-versité de l’Iowa. Pour me tenir au courant des grands mou-vements intellectuels de l’époque, je commandais « à l’aveugle » toutes sortes de livres étrangers. Lorsque je suis tombé sur De la grammatologie, j’ai immédiatement demandé à le traduire alors que je connaissais très mal le français et que son auteur m’était parfaitement inconnu ! Cette rencontre a été déterminante pour moi. Ma formation et le travail que je mène aujourd’hui doivent énormément à Jacques Derrida et à la déconstruction.

 

Votre nom est associé à un courant important des études postcoloniales, celui des subaltern studies. Pouvez-vous nous décrire en quoi celles-ci consistent ?

« Subalterne » est, à l’origine, un terme militaire employé par Antonio Gramsci [1891-1937] dans les années 1930 pour décrire une certaine catégorie de population ignorée par l’histoire officielle. L’idée principale de Gramsci était que les subalternes n’ayant jamais eu d’État ni de structures représentatives, il n’existait aucune archive disponible les concernant directement. Cette situation créait d’elle-même un trou noir méthodologique empêchant toute tentative d’historiographie « scientifique » de ces populations. La conclusion à laquelle Gramsci parvint était que la seule « historiographie » possible de ces populations ne pouvait être entreprise que sur une base littéraire.

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Article issu du magazine n°48 mars 2011 Lire en ligne
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