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Gayatri Chakravorty Spivak à Lyon en 2014, à la troisième édition du festival des idées organisé par la villa Gillet, le Mode d’emploi. © Bertrand Gaudillère/Item

International

Gayatri Spivak : “Les soi-disant chefs militaires de la Birmanie détruisent délibérément les meilleurs parmi les jeunes”

Gayatri Chakravorty Spivak, propos recueillis par Octave Larmagnac-Matheron publié le 07 septembre 2021 8 min

Un jour aux États-Unis, le lendemain au Ghana, Gayatri Spivak, figure de proue des subaltern studies et des études post-coloniales, est une femme occupée. L’intellectuelle indienne met pourtant un point d’honneur à trouver le temps d’alerter sur un drame qui se déroule à l’autre bout de la planète : en Birmanie, les citoyens se révoltent et prennent les armes contre la junte, depuis le coup d’État militaire qui, il y a cinq mois, renversait le gouvernement d’Aung San Suu Kyi. Pour l’universitaire, il est de notre responsabilité collective de donner une réponse à ce soulèvement, afin que la violence, qui apparaît aujourd’hui aux résistants comme l’unique manière de faire entendre leur voix, n’ait pas le dernier mot.

 

Pourquoi avez-vous accepté cet entretien ?

Gayatri Chakravorty Spivak : Normalement, je n’aurais pas fait cette interview. Je l’ai acceptée parce que je suis une personne politique et que j’ai le sentiment que les jeunes gens qui résistent aujourd’hui en Birmanie deviennent violents en raison de l’absence de réponse internationale. J’ai le sentiment de devoir dire quelque chose, d’être une petite voix parmi les répondants internationaux. Je ne dispose pas d’informations exclusives, mais je veux apporter une réponse, parler pour eux, leur parler, et parler à leur sujet. Chacun doit faire ce qu’il peut. Mon activisme est une forme d’éducation, il ne s’agit pas de rassembler et diffuser des informations ; j’espère ainsi que des gens qui ont beaucoup plus de force et de pouvoir sur le monde physique répondront aussi à cette réponse que j’essaie de donner à ceux qui résistent en Birmanie. 

 

Comment qualifieriez-vous ce qui se passe en Birmanie ? C’est une révolte ? Une guerre civile ? Une révolution ?

Je crois vraiment qu’il s’agit d’une résistance, une résistance très forte. La résistance met en jeu les sujets réels au sein du collectif, au contraire de mots plus abstraits comme « révolution ».

“Les jeunes birmans qui se révoltent aujourd’hui ne sont pas des subalternes. Ils ressentent que l’État leur appartient” Gayatri Spivak

 

Vous avez consacré votre vie aux subaltern studies. Selon votre définition, ces résistants sont-ils des subalternes ?

Ces gens ne sont pas des subalternes, au sens de petits groupes aux marges de l’histoire ; ils sont, à vrai dire, des citoyens. Les subalternes, par exemple les Rohingya en Birmanie, se voient refuser les droits de la citoyenneté. Généralement, la chose la plus difficile pour ces groupes-là est d’assimiler que l’État leur appartient, qu’ils ont le droit d’exiger des choses de l’État. En revanche, les jeunes qui résistent aujourd’hui le font parce qu’eux, ils ressentent que l’État leur appartient. Il y a, en ce sens, une différence réelle entre ce mouvement organisé et les actions des subalternes. Non que les subalternes ne puissent pas résister, mais leur résistance prend une forme différente. 

 

Vous êtes engagée depuis longtemps contre le génocide des Rohingya. Cette communauté a-t-elle des liens avec les mouvements actuels de résistance ?

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