Faut-il (toujours) s’adapter ?
« Abandonnons la résilience : place à l’adaptation ! » : c’est ainsi que le magazine L’ADN titrait, récemment un entretien récent avec l’explorateur Christian Clot. Et l’aventurier franco-suisse de préciser : « Le principe même de la résilience est le retour à un état initial. Or, aujourd’hui, le monde change tellement vite et est traversé par tellement de crises qui s’entrecroisent que le retour à l’état initial n’est ni possible ni souhaitable. »
Là où la résilience encaisse la crise temporaire et attend retour à la normale, l’adaptation prend acte d’un monde en permanente transformation qui n’est fait que d’exception, qui dicte sa réalité aux hommes. « Adaptons-nous » est d’ailleurs, indéniablement, devenu le mot d’ordre de la gestion politique de la crise sanitaire.
Une exigence de bon sens – en apparence au moins. Et si l’obsession pour l’adaptation cachait un objectif politique beaucoup moins avouable ? C’est la thèse de la philosophe Barbara Stiegler, autrice de « Il faut s’adapter ». Sur un nouvel impératif politique (Gallimard, 2019), à retrouver dans notre dossier consacré à l’improvisation : « Derrière la déploration constante de notre supposé retard et derrière l’appel permanent à notre réadaptation » se cache « une pensée politique à la fois puissante et structurée » qui vise « à transformer une espèce humaine inadaptée en un ensemble d’individus flexibles et de plus en plus adaptables à l’accélération des changements ». Soustraire, à l’existence humaine, toute base stable, en somme. Un projet politique tout sauf improvisé, qui se révèle, paradoxalement, extrêmement rigide – au risque de laisser biens des gens sur le carreau !
Faites-vous primer le désir comme Spinoza, la joie à l'instar de Platon, la liberté sur les pas de Beauvoir, ou la lucidité à l'image de Schopenhauer ? Cet Expresso vous permettra de le déterminer !
La crise sanitaire nous a pris de cours. Et pourtant. Si nous avions lu plus attentivement Nietzsche, nous aurions sans doute trouvé quelques clés…
Improviser, en quoi est-ce différent de s’adapter ? Et si la crise n’avait pas seulement créé l’obligation d’improviser mais surtout exacerbé une…
Peu connu de notre côté de l’Atlantique, l’Américain John Dewey est pourtant l’un des penseurs les plus influents de notre époque, explique la…
Décaler, annuler, modifier… Autant d’actions facilitées par les nouvelles technologies dont l’un des maîtres mots est la “flexibilité”. Mais cette…
Les mots du débat public et du nouveau militantisme sont des termes anglais… et omniprésents. Woke, empowerment, cancel culture – pourquoi ne…
Vivre est une incessante improvisation. Certes, mais alors d’où vient notre difficulté à nous adapter aux imprévus, aux aléas et aux crises ? Et…
La démocratie sanitaire, qui consiste à informer, à faire choisir librement et à faire participer les citoyens aux politiques de santé, existe. En…
On commence à avoir l’habitude. Pas du confinement, mais du rituel républicain qui l’annonce : les conférences de presse de Jean Castex ou le discours d…