“Fake news” et IA : Yann Le Cun tombé dans la “logique du chaudron” ?

Invité de France Inter, l’ingénieur spécialiste de l’intelligence artificielle Yann Le Cun a assuré que ChatGPT et ses homologues ne poseraient pas de risque en matière d’information sur internet. Un plaidoyer bien optimiste, qui rappelle un type d’argument développé par Freud : « le chaudron emprunté ». Analyse.

« L’IA n’est pas le problème, c’est la solution. » Interrogé par l’animatrice Léa Salamé, mercredi 12 avril, à propos des progrès fulgurants réalisés par l’intelligence artificielle depuis quelques mois, Yann Le Cun, directeur du laboratoire d’IA de Facebook, a refusé de se mêler aux voix qui s’élèvent face au possible déferlement de fake news générées par des machines sachant écrire et créer des images en un rien de temps. Il critique notamment la tribune parue sur le site de l’association américaine Future of Life, co-signée par Elon Musk et des milliers d’ingénieurs du secteur de la technologie, plaidant pour un moratoire de six mois sur l’IA.

Trois arguments contradictoires

Pour justifier sa position, Le Cun a déployé ces arguments, à partir de l’exemple du pape en doudoune blanche – un montage photo réalisé par MidJourney, l’un des systèmes actuellement les plus poussés de génération d’images par apprentissage en réseau de neurones artificiels :

“Les gens ne sont pas bêtes. Les jeunes aujourd’hui savent prendre avec précaution ce qui sort d’internet et en retracer l’origine, même si tout le monde n’a pas la présence d’esprit de le faire. À terme, les gens vont devenir de plus en plus sceptiques. […] L’IA n’est pas le problème, c’est la solution. Une des plus grosses applications de l’IA aujourd’hui, c’est la modération des commentaires. Plus de 90% des contenus haineux sont supprimés par l’IA. Il y a 4 ou 5 ans, c’était 30%”