“Exit Above. After the Tempest” : ça marche !
Aller de l'avant en ramenant la danse à l'essentiel, c'est le but du nouveau spectacle de la chorégraphe Anne Teresa De Keersmaeker acclamé cet été au Festival d’Avignon et à voir à Paris et en tournée.
« Ma marche, c’est ma danse. » De cette conviction, Anne Teresa De Keersmaeker a fait une méthode. La chorégraphe l’éprouve dans ce spectacle exaltant, acclamé au Festival d’Avignon cet été et repris en tournée. Avec une douzaine de danseurs et deux musiciens à même le plateau, elle explore ce que signifie « aller de l’avant », quand ce n’est pas au-devant des catastrophes, puisant son inspiration dans le blues, chant afro-américain né du malheur et de la joie. La chanteuse Meskerem Mees commence ainsi par prêter sa voix heurtée et belle à une variation de Walking Blues, du musicien afro-américain Robert Johnson, accompagnée par le guitariste Carlos Garbin. Elle ouvre la marche, qui se poursuit dans une extraordinaire composition mêlant Schubert, la pop, le rock et la techno. En rythme, les danseurs nous font traverser des paysages imaginaires, via des errances collectives et des pas de côté solitaires. Formé au hip-hop, Solal Mariotte éblouit par exemple dans ses solos, comme lorsqu’il voltige sous une voile argentée tourmentée par un souffle puissant ; il incarne alors explicitement l’Angelus Novus (1920), un dessin de Paul Klee ayant appartenu à Walter Benjamin, cet « Ange de l’histoire » qui avance en reculant, témoin d’une « catastrophe dont le résultat constant est d’accumuler les ruines sur les ruines ». Mais chacun des interprètes impose sa personnalité et son style dans cette manière éblouissante d’aller à contre-vent. Anne Teresa De Keersmaeker touche ici à la beauté de l’élémentaire, tel que le philosophe Frédéric Gros le thématise, par contraste avec l’essentiel, plus abstrait. Dans son livre Marcher, une philosophie (2008), il rappelle que, dans la marche, on s’abandonne « aux éléments » : « L’élémentaire, c’est ce à quoi on s’abandonne, et qui nous est donné absolument », qui « se révèle comme plénitude de la présence ». C’est à cette plénitude élémentaire gagnée sur le tumulte du monde qu’Anne Teresa De Keersmaeker nous initie… en mettant un pied devant l’autre !
Pas si vite nous dit Spinoza, dans cet éloge à la fois vibrant, joyeux et raisonné de l'amour en général.
Ramener la danse à l'essentiel tout en explorant ce que signifie « aller de l’avant », c'est le but du nouveau spectacle de la chorégraphe Anne…
La chorégraphe Anna Teresa De Keersmaeker propose, avec “Danser en temps de confinement”, une vidéo en forme de mode d'emploi pour se réapproprier…
Walter Benjamin aimait les mots, les femmes et les villes. Berlin, Paris, Moscou, Ibiza, ce Juif berlinois parcourt la vie en flâneur. Rejeté par…
Johnny Hallyday a été une « icône » pour des générations de Français. Comment comprendre un tel succès ? Invité du Grand soir 3 de France 3,…
Entre science-fiction subversive et western féministe, le réalisateur Bertrand Mandico propose avec son dernier film, After Blue. Paradis…
Alors que l’Opéra de Lyon s’apprête à mettre en scène "Benjamin dernière nuit", l’opéra qu’il a écrit sur la fin tragique du philosophe à la frontière franco-espagnole en 1940, Régis Debray revient sur son itinéraire et la portée de …
Avec le Brexit, la pandémie est le second grand ébranlement de l’Union européenne en 2020. Pourrait-elle éclater ? Selon la philosophe italienne…
Les partis eurosceptiques ont le vent en poupe, comme l’ont montré les récentes élections européennes. Au point de remettre en cause les…