Éthique, humour, intelligence… Quel avenir pour l’IA ?
Philomag vous propose chaque semaine une sélection d’articles parus dans la presse française et étrangère, rassemblés autour d’une thématique commune. Des articles qui nous ont surpris, questionnés, dérangés. L’occasion de découvrir de nouveaux points de vue sur le monde et les événements qui font l’actualité.
Cette semaine, une thématique : l’intelligence artificielle (IA) de demain. Comment les robots résoudront-ils les dilemmes moraux auxquels ils seront confrontés ? Quel genre de liens tisserons-nous avec ces androïdes de plus en plus humanisés ? Et en quel sens pourra-t-on dire qu’ils sont intelligents ?
Jonny Thomson : “Les machines seront inévitablement confrontées à de plus en plus de décisions éthiques”
« Quelle éthique devrait-elle être programmée dans les robots demain ? » C’est la question que pose le professeur de philosophie à Oxford (Royaume-Uni) Jonny Thomson sur le site Big Think. Voitures automatiques, algorithmes de recrutement, programmes judiciaires… Dans un avenir proche, « l’IA devra prendre des décisions qui pourraient affecter considérablement nos vies », souligne le philosophe anglais. Si tout le monde s’accorde à dire qu’il faut encadrer sa prise de décision par certains principes… personne ne s’accorde sur lesdits principes. « Lorsque nous, humains, prenons des décisions morales, nous pesons chacun des principes et des valeurs » qui nous paraissent pertinentes. Nous nous débrouillons avec cette indétermination, parce que nous savons qu’au bout du compte, nous avons besoin d’un critère auquel adosser notre action. L’IA n’est pas capable de cette pondération entre différentes perspectives éthiques. Et c’est tout le problème, peut-être insoluble, de la programmation éthique !
Tony Veale : “Une machine douée d’humour a nécessairement une plus forte conscience sociale de ses utilisateurs”
La programmation de demain ne devra pas seulement faire une place importante à l’éthique, elle devra aussi se concentrer sur l’humour, affirme le professeur en science de l’informatique à l’université de Dublin (Irlande) Tony Veale dans Psyche. Pas évident, bien sûr, de concilier la rigidité d’un langage de programmation avec la fluidité de l’humour, qui s’inscrit précisément dans les écarts, les erreurs, les hésitations. Raison de plus, selon Veale, pour s’y atteler dès aujourd’hui – et non pour développer des robots humoristes, mais pour développer l’humour de toutes les IA. « Les IA avec un sens de l’humour graisseront les rouages de nos interactions quotidiennes, avec les machines […] À mesure que la population vieillit et que nous devenons plus dépendants des machines à la maison, nous aurons besoin que nos compagnons de soins à domicile soient, disons, plus sociables. Le sens de l’humour est plus qu’une simple maîtrise de blagues » récitées mécaniquement. Il est indissociable d’une véritable aisance dans l’utilisation du langage. Et le gage d’une relation plus satisfaisante avec nos compagnons robotiques de demain.
Rich Heimann : “Le champ de l’IA est inhibé dans la compréhension de ce qu’est l’intelligence”
Éthiques, drôles… et intelligents, les robots de demain ? Pas si sûr, à en croire le data scientist Rich Heimann. En tous cas, nous avons peu de chance d’y parvenir tant que nous restons enfermés dans des conceptions réductrices de l’intelligence. Dans Tech Talk, il renvoie dos à dos les différentes approches contemporaines de la question – béhaviourisme, fonctionnalisme, computationnalisme – qui ne se préoccupent pas de savoir si « la pensée implique un penseur », mais aussi les approches plus traditionnelles comme le « cerveau dans un bocal », fondées sur une scission du corps et de l’âme. « Ces cadres sont contradictoires et incompatibles avec le cerveau biologique et l’intelligence naturelle », souligne-t-il. « La vraie intelligence artificielle ne pourra pas être réelle à moins que le “cerveau dans un bocal” ait des jambes », des bras, des membres… Bref, un corps.
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