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Le 22 août, à Portland (Orégon, États-Unis), lors de confrontations avec les militants de Black Lives Matter, un soutien de Donald Trump saisit son arme à feu. © Alex Milan Tracy/Sipa

Analyse

États-Unis. De la désobéissance à l’émeute ?

Octave Larmagnac-Matheron publié le 31 août 2020 3 min

Un homme – probablement membre des Patriot Prayer, un groupe local d’extrême droite – a été tué samedi 29 août à Portland lors d’affrontements entre militants antiracistes et supporters de Donald Trump. Les manifestants du mouvement Black Lives Matter s’étaient réunis au centre-ville après la diffusion de de la vidéo où l’on voit trois policiers tirer à sept reprises dans le dos de Jacob Blake, un homme afro-américain. Depuis le meurtre de George Floyd, en mai dernier, la ville la plus peuplée de l’Oregon, et l’un des principaux centres de la contestation antiraciste, est régulièrement le théâtre d’échauffourées. Sur Twitter, Donald Trump s’en est directement pris au maire démocrate Ted Wheeler, qu’il accuse de laxisme en raison de son refus de faire appel à la Garde nationale pour mettre fin au mouvement de protestation. Les soutiens du président américain lui ont emboîté le pas ce week-end, et on décidé de « résoudre le problème » à leur manière – à coup de paintball. 

Le politiste américain Roger Berkowitz y voit, dans le sillage de Hannah Arendt, le signe d’un retour des foules en politique. Trump a parfaitement intégré cette métamorphose profonde de l’espace politique qui se mue en champ de bataille. Dans la course finale à la Maison Blanche, il instrumentalise sans retenue la lutte des foules les unes contre les autres et entérine leur mode d’action à la limite de la légalité. Au risque d’attirer ses opposants dans une spirale de violence et d’encourager la guerre civile. Les démocrates ne gagneront pas sur ce terrain : pour Berkowitz, il est indispensable de proposer une alternative au déchaînement destructeur des foules et de renouer avec l’idéal de désobéissance civile. 

Qu’est-ce qui distingue le mouvement d’une foule en colère de la désobéissance civile ? La révolte légitime des manifestants antiracistes et les outrages violents des militants pro-Trump ? C’est la question à laquelle s’efforce de répondre Roger Berkowitz, à partir de l’oeuvre de Hannah Arendt.

  • Tout d’abord, les désobéissants ne se considèrent pas comme le peuple : ils « s’opposent aux politiques gouvernementales, quoiqu’ils aient des raisons de supposer que ces politiques sont soutenues par la majorité ». Au contraire, la foule se prend pour le peuple, elle cherche à faire croire qu’elle est le peuple. Cette tentative d’identification est soutenue par une analogie : comme le peuple, qui comprend toutes les classes sociales, la foule englobe toutes les strates de la société – et, plus précisément, tous les déclassés de toutes les classes sociales. 
  • D’autre part, la désobéissance civile implique une forme de civilité : elle exclut, en son principe, la destruction aveugle, la violence gratuite… Bref, le déchaînement de la violence. Au contraire, le mode d’action de la foule par excellence, c’est l’action criminelle ou quasi criminelle. En effet, la foule – qui se présente comme « le peuple » – désigne toujours un ennemi, une autre foule, contre laquelle elle se regroupe et qu’elle accuse de mettre en péril la stabilité de la société. Tous les moyens deviennent alors légitimes pour « éradiquer le mal » qui mine l’ordre social. Et cette immixtion de la criminalité en politique contribue à l’attraction qu’exercent les mouvements de foule.
  • Enfin, la désobéissance civile est fondamentalement politique : elle se donne pour objectif plus de démocratie, plus de représentation, plus de participation. À l’inverse, les mouvements de foule ne se préoccupent que de pouvoir, de domination, de rapport de forces. La seule question qui vaille, c’est de déterminer qui gagnera la bataille. Raison pour laquelle les mouvements de foule attendent la venue d’un homme providentiel, d’un général, capable de les mener au combat. Trump remplit aujourd’hui pleinement ce rôle. 

Depuis son élection, et plus encore dans cette dernière ligne droite de la présidentielle, Trump joue sans cesse sur la logique des foules, dont il attise les griefs, le président sortant a toutes les chances de l’emporter s’il parvient à ancrer le débat dans cet espace – celui de la confrontation agnostique des masses. Il y est à son aise et en comprend intuitivement la logique, contrairement aux démocrates. Il est parvenu à « normaliser » le mode d’action « quasi illégal » propre aux foules, poussant les mouvements de contestations, antiracistes ou autres, à le suivre dans cette surenchère. Esquisser les contours d’une véritable alternative implique d’échapper à l’attraction de la foule, pour réhabiliter un authentique mouvement de désobéissance civile. 

Trump joue avec la foule, l’analyse de Roger Berkowitz
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