Épisode 1 : les marxistes et la Commune
Il y a 150 ans, le 18 mars 1871, alors que le Second Empire s’effondrait après sa défaite contre la Prusse, une insurrection de Parisiens donne naissance à un régime politique nouveau : la Commune de Paris. Cette expérience démocratique inédite a fasciné les philosophes de l’époque, qu’ils aient participé au mouvement de l’intérieur ou observé son déroulé de l’extérieur. Retour sur leurs témoignages et leurs analyses, souvent divergentes, dans notre fresque historique en cinq épisodes.
Aujourd’hui : les marxistes face à la Commune.
- Marx était-il philosophe de la Commune ? Oui et non. Oui, parce qu’il fut sans doute le premier à développer une analyse de l’événement : dès 1871, il publie en effet La Guerre civile en France. Non, cependant, pour de multiples raisons : s’il suit très attentivement le déroulement de l’insurrection, Karl Marx n’y participe pas directement – il la suit depuis Londres. Mais surtout, la pensée marxiste reste, à cette époque, plutôt confidentielle dans les milieux socialistes français.
- Pour se tenir au courant des événements et y participer, même à distance, Marx tisse un réseau d’« informateurs ». Dès le début de l’insurrection, il envoie à Paris deux émissaires de confiance, Auguste Serraillier et Élisabeth Dmitrieff. Il parvient, aussi, à garder contact avec certains membres de l’Association Internationale des Travailleurs (la première Internationale), notamment Léo Frankel (qui écrit à Marx : « Votre avis sur les réformes sociales à appliquer sera extrêmement précieux pour notre commission ») et Eugène Varlin, membres du Conseil de la Commune. Marx peut, enfin, compter sur les informations de son gendre, Paul Lafargue, qui se rend plusieurs fois à Paris.
- Que pense Marx de la Commune ? La Commune représente d’abord un espoir : comme il l’écrit, la Commune, « c’est le peuple agissant pour lui-même et par lui-même. » L’insurrection, beaucoup plus ouvrière que ne l’était la Révolution de 1789, prouve la possibilité d’une union des prolétaires – elle est, dira Trotski, « un présage d’une révolution prolétarienne mondiale ». Engels écrit, quant à lui : « Regardez la Commune de Paris. C’était la dictature du prolétariat. »
- Cependant, les communistes resteront toujours embarrassés par cette insurrection qui réussit sans en passer par les méthodes, les stratégies révolutionnaires marxiennes. D’Engels à Lénine, tous critiquent l’influence des courants autogestionnaires et libertaires, et tous voient dans l’écrasement de la Commune le signe que le mouvement a échoué faute de « centralisation », faute d’une avant-garde éclairée capable de guider la révolte, faute d’une capacité à s’organiser. La Commune a péché, selon eux, par immaturité : elle a fait de l’insurrection son seul projet politique. Raison pour laquelle, d’ailleurs, certains comme Frankel demeurent insatisfaits du manque de « réformes sociales ».
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