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Le logo et le slogan mis au point par le cabinet de l’architecte Stefano Boeri pour promouvoir la campagne de vaccination en Italie. Infographie © Stefano Boeri Architetti

Covid-19

En Italie, on vaccine en beauté

Sophie Gherardi publié le 21 janvier 2021 3 min

Alors que la France semble à la peine en la matière, l’Italie vaccine à tour de bras : 1,98 doses déjà administrées par centaine d’habitants, pour 1,46 en Allemagne et 0,74 en France au dernier pointage. Cette efficacité que nous n’associons pas spontanément à nos voisins d’outre-Alpes (comme on dit là-bas) s’explique bien sûr par le terrible bilan de la pandémie, dès la première vague. 

Mais les Italiens sont aussi les seuls à avoir misé, pour promouvoir la campagne de vaccination, sur un ingrédient surprenant : la beauté. 1 500 pavillons blancs siglés d’une fleur rose dessinés par l’architecte Stefano Boeri vont être déployés sur les plus prestigieuses places d’Italie pour servir de centres de vaccination. Fallait-il être le Bel Paese pour songer à mobiliser par le Beau ?

  • « L’Italie renaît avec une fleur », tel est le slogan de la campagne de vaccination italienne contre le Covid. Le verbe évoque immanquablement la Renaissance, héritage ô combien valorisant dans ce pays parsemé d’œuvres d’art sublimes ; quant à la primevère rose fluo du logo, elle renvoie au flower power des années 1960, le temps du bonheur pour beaucoup d’Italiens aujourd’hui âgés. Volare, mmm, cantare, mm-mm… « Voler », « chanter »… oublier. L’utilisation de la beauté dans la communication politique, au sens large, n’est pas nouvelle. Sans remonter jusqu’aux pyramides d’Égypte ou l’Acropole d’Athènes, les puissants aiment se mettre en scène et accompagner triomphes et commémorations d’un déploiement majestueux. Pour l’inauguration de la présidence Biden à Washington, la perspective du Capitole fermée aux humains a été recouverte de milliers de drapeaux américains : les blessures du Covid et la profanation du temple de la démocratie par des factieux pro-Trump le 6 janvier sont ainsi symboliquement pansées. En France, Emmanuel Macron investit les lieux les plus grandioses pour ranimer chez les Français la fierté nationale et le sentiment d’unité, souvent pour les obsèques des héros populaires – de Johnny Halliday à Daniel Cordier. Mais faire des frais de représentation pour vacciner des vieillards ? Là, nous Français étalons notre caractère national sous la forme d’une administration centraliste et impérieuse, attentive au moindre détail mais peu apte à le régler. Devant le résultat, nous passons nos nerfs en ricanant, comme Voltaire dans son Essai sur les mœurs et l’esprit des nations, de « nos rustres qui végètent dans nos villages, et des sybarites qui s’énervent dans nos villes ».
  • Les réponses apportées à l’attaque mondiale du coronavirus ont été très marquées par les cultures nationales – qui ne sont pas  nécessairement étatiques. Décentralisées en Allemagne ou en Italie, fondées sur le contrôle social spontané en Suède ou aux Pays-Bas, sur la responsabilité individuelle en Angleterre ou aux États-Unis, sur la peur du gendarme en France, sur la mobilisation générale en Israël… Comment, cependant, définir une nation ? Gil Delannoi, dans son introduction à l’ouvrage collectif Théories du nationalisme (Ed. Kimé, 1991, L’Harmatan 2010), ne cache pas la complexité de la tâche : « Il s’agit d’un être qui est théorique et esthétique, organique et artificiel, individuel et collectif, universel et particulier, indépendant et dépendant, idéologique et apolitique, transcendant et fonctionnel, ethnique et civique, continu et discontinu. » On ne saisit tout le phénomène national que par ses ambivalences, précise-t-il heureusement. 
  • Pour Ernest Renan, les nations sont faites par la volonté humaine : « L’existence d’une nation est un plébiscite de tous les jours », écrit-il même dans Qu’est-ce qu’une nation ? (1882). Un siècle plus tôt, l’Allemand Johann Gottfried von Herder voyait, lui, dans la nation le fruit d’un déterminisme culturel : la nature, la langue, les solidarités, les coutumes, tout un héritage « chaud » et singulier, aux antipodes de la vision universaliste des Lumières. Dans Culture, Identity and Politics (1987, non traduit), l’anthropologue britannique Ernest Gellner fait en quelque sorte la synthèse. Dans les sociétés modernes alphabétisées, dotées d’un bagage culturel homogène, transmis par l’école, la culture devient soudain perceptible et précieuse à chacun. Il en résulte qu’« une culture erronée et étrangère devient menaçante ». Mais cet éveil à la culture n’arrive que parce que « l’ère du nationalisme est née ».
  • Dans l’Italie inquiète de ce XXIe siècle, la beauté est enrôlée au titre de caractéristique nationale salvatrice. Il existe depuis 2014 une fondation Italia, patria della bellezza (« Italie, patrie de la beauté ») au sein de laquelle figurent des artistes, des communicants, des spécialistes d’histoire de l’art, des consultants d’entreprise et même… un architecte du cabinet de Stefano Boeri, l’homme de la campagne de vaccination « L’Italia rinasce con un fiore ».
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