“Contre le peuple”, de Frédéric Schiffter
« Les ennemis du peuple dans ton genre, on les retrouvera ! » Cette menace adressée à Frédéric Schiffter par un militant trotskyste il y a quarante ans, dans les couloirs de la faculté de Toulouse, le philosophe s’en souvient encore. Elle ouvre d’ailleurs son pamphlet Contre le peuple (Séguier, 2020), réflexion cinglante sur ce qu’il juge être une mascarade : l’existence supposée d’un « peuple » homogène, noble et soudé, dont les combats pour l’émancipation devraient appeler une solidarité sans partage de la part de ses défenseurs.
La mobilisation des Gilets jaunes a remis au goût du jour l’idée de « peuple ». Eux-mêmes se revendiquaient de ce terme, et après eux, une farandole de dirigeants politiques, toutes tendances confondues. Même certains philosophes se déclaraient volontiers « du côté du peuple ». Mais de quel peuple parle-t-on, demande Frédéric Schiffter ? Agit-il vraiment tel un individu rationnel ? Si l’on en doute, alors pourquoi cette « mythification » du peuple continue-t-elle d’opérer, y compris chez les intellectuels ? Déjà auteur d’un Contre Debord (PUF) en 2004, Schiffter s’en donne de nouveau à cœur joie avec ce très remonté Contre le peuple. Au risque justement de se rendre impopulaire.
Contre le peuple, de Frédéric Schiffter, est paru aux Éditions Séguier et est disponible ici.
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