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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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Le 15 septembre 2019 à Birmingham (Alabama), Joe Biden assiste à un dépôt de gerbe commémorant les attentats de l’église baptise de la 16ème rue, une attaque raciste perpétrée en 1963 par le Ku-Klux-Klan ciblant la communauté religieuse afro-américaine. © Mark Peterson/Redux/REA

Décryptage

Comment Kierkegaard a fait campagne pour Joe Biden

Jean-Marie Pottier publié le 23 novembre 2020 3 min

« Régulièrement, dans quelques-uns des moments les plus difficiles de sa vie, j’ai vu Joe puiser dans sa foi catholique. Il semble avoir gravée au cœur cette phrase de Kierkegaard : “La foi voit mieux dans l'obscurité”. » Quelques jours avant la présidentielle américaine, Jill Biden, la seconde épouse de Joe Biden, soulignait ainsi la foi de son mari dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. Et citait au passage une formule dont la campagne Biden a beaucoup usé (et peut-être même abusé) ces dernières années, due au philosophe danois Søren Kierkegaard (1813-1855). Une phrase venue symboliser le ton parfois mystique de la campagne du candidat démocrate, qui s’est présenté comme luttant pour l’« âme » de l’Amérique, lui dont la vie a été jalonnée d'épreuves, de la mort de sa première épouse et sa fille dans un accident peu après son élection au Sénat à celle de son fils Beau d’un cancer pendant sa vice-présidence.

 

  • Cette citation de Kierkegaard est extraite de Discours édifiant à plusieurs points de vue, un ouvrage publié en 1847 : « Quand le discernement permet de saisir un aspect bénéfique, la foi ne peut pas apercevoir Dieu ; mais quand, dans la nuit noire de la souffrance, la sagacité ne peut rien voir devant elle, alors la foi peut apercevoir Dieu, car la foi voit mieux dans l’obscurité. » Elle est chez le protestant Kierkegaard, comme le souligne le média religieux Patheos, un signe que « la souffrance et la spiritualité vont main dans la main » et qu’il ne faut pas croire en une « doctrine de la prospérité » qui prétendrait par exemple que la pauvreté constitue une punition divine.
  • D’une tribune à un clip de campagne sur sa foi, Joe Biden a commencé à régulièrement employer cette formule en public à partir de 2015. Elle a surtout fait forte impression lors d’un entretien accordé à Stephen Colbert en septembre 2015 : interrogé sur sa façon de faire face au deuil, Biden y racontait qu’il arrivait à son épouse d’accrocher des petits mots au miroir de sa salle de bains et qu’un jour, après la mort de Beau, elle y avait mis cette citation de Kierkegaard. Selon Matthew Gobush, un ancien cadre de l’administration Clinton, « la religion fournit [à Biden] une clarté morale. [...] Les tragédies qu’il a vécues et l’expérience qu’il a acquise ont instillé en lui un réalisme lucide à propos des fragilités et des échecs humains, en accord avec la doctrine catholique du péché originel ». La façon dont il a utilisé cette phrase symbolise une foi davantage mise en avant que celle du dernier candidat catholique en date, John Kerry. Opposé au très religieux George W. Bush, ce dernier avait largement gardé sa pratique religieuse privée, là où Biden s'est montré plus démonstratif – avec succès auprès des électeurs catholiques, si l’on en croit les sondages à la sortie des urnes.
  • Cette phrase n’est cependant pas sans ambiguïté, comme le soulignaient en 2015 des spécialistes de Kierkegaard, qui pointaient son goût pour l’aphorisme. Elle ne doit pas s’interpréter de manière simpliste, comme si la lumière succédait forcément à l’obscurité, se trouvait forcément – métaphore d'actualité en cette période de pandémie – au bout du tunnel : « Vous êtes au-delà de cela, il n'y a ni espoir ni futur, et aucune raison logique de continuer. C'est précisément là que vous faites l’expérience de la foi », analysait Hugh Pyper, auteur d’un essai sur Kierkegaard.
  • On trouve d'ailleurs la même formule, quasiment au mot près, dans un texte de la même époque qui met en garde contre tout optimisme forcené. En 1842, dans The Dial, une revue dirigée par des intellectuels « transcendentalistes » comme Ralph Waldo Emerson, le théologien protestant Theodore Parker constatait « à quelle profondeur de l’âme s’enracine l'élément religieux, qui voit clairement dans l’obscurité quand la raison ne voit rien du tout. » Un comportement qui, d’après lui, guidait la logique des chrétiens primitifs, qui priaient toujours pour l’arrivée de la même chose, un homme providentiel : « Le ciel a gratifié la race des hommes de peu d’invention. En ces temps troublés, ils se retournent donc vers les périls passés et espèrent un rédempteur comme celui qu’ils ont connu ; peut-être plus grand encore, mais toujours du même type. » Une leçon à méditer pour les électeurs américains, si certains parmi eux rêvaient d’un sauveur dans leur 46e président.
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