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Dernière exécution publique en France le 17 juin 1939, à la prison Saint-Pierre à Versailles. Le condamné à mort est Eugène (Eugen) Weidmann, tueur en série allemand reconnu coupable de meurtre. © STF/AFP

Un classique éclaire le présent

Cesare Beccaria contre la peine de mort

Anne Robin publié le 21 septembre 2020 3 min

On pensait que c’était une affaire pliée. La peine de mort a été abolie il y a presque trente ans, sous l’impulsion de Robert Badinter, alors ministre de la Justice. C’était une promesse de campagne de François Mitterrand et, pour beaucoup, ce qu’il a fait de mieux. À l’époque, une majorité de Français se prononçait en faveur de la peine capitale, mais, depuis 1981, un consensus semblait s’être dessiné : la plupart des Français y étaient désormais opposés. 

Cependant, depuis quelques années, la tendance semble s’inverser. Selon un sondage de l’institut Ipsos/Sopra Steria paru en 2020, 55 % des personnes interrogées se montrent favorables à son rétablissement. Un score en nette hausse pour cette étude menée chaque année depuis huit ans. Chez les sympathisants de gauche, cette proportion atteint même désormais 36 %. Cette tendance s’observe aussi chez les cadres et les professions intermédiaires ainsi que chez les retraités. Comment expliquer ce revirement ? 

Le sentiment d’insécurité éprouvé par les Français depuis les attentats terroristes dont le pays a été victime ces dernières années pourrait fournir un début d’explication. En effet, pour les partisans de la peine de mort, le terrorisme ferait en effet partie des exceptions, à côté des crimes contre les mineurs, qui pourrait justifier son rétablissement. Sauf que l'abolition présuppose dans son principe qu'il ne puisse y avoir d’exception.

Et si nous revenions à la question de fond, posée dès le XVIIIe siècle par le philosophe et juriste italien Cesare Beccaria dans son ouvrage Des Délits et des peines (1764) : « En vertu de quel droit les hommes peuvent-ils se permettre de tuer leur semblable ? »

Dans son livre Des délits et des peines, le philosophe et juriste Cesare Beccaria est l’un des premiers à exprimer clairement son opposition à ce châtiment. Avec plusieurs arguments :

La peine de mort n’est pas démocratique 

La peine de mort ne peut pas être l’émanation de la volonté générale. Si la loi est l’émanation de la volonté générale dans un cadre démocratique, quel citoyen pourrait avoir une idée aussi absurde que de donner au représentant du pouvoir la possibilité de le tuer ? « La peine de mort n’est donc pas un droit […] mais une guerre de la nation contre un citoyen qu’elle juge nécessaire ou utile de supprimer. »

La peine de mort n’est pas dissuasive 

En effet, selon Beccaria, « ce n’est pas la sévérité de la peine qui produit le plus d’effet sur l’esprit des hommes, mais sa durée ».

La peine de mort est contre-productive

« La peine de mort est nuisible par l’exemple qu’elle donne. Si les passions ont rendu la guerre inévitable et enseigné à répandre le sang, les lois, dont le but est d’assagir les hommes, ne devraient pas étendre cet exemple de férocité, d’autant plus funeste qu’elles donnent la mort avec plus de forme et de méthode. Il me paraît absurde que les lois, qui sont l’expression de la volonté générale, qui réprouvent et punissent l’homicide, en commettent elles-mêmes et, pour détourner les citoyens de l’assassinat, ordonnent l’assassinat public. »

La peine de mort est illogique

Si Beccaria souligne la nécessité d’une « proportion entre les délits et les peines », il n’en demeure pas moins qu’un crime ne peut-être puni par le moyen dont il use lui-même. On ne punit pas un voleur en le volant lui-même. Le but de tous les châtiments est « qu’ils fassent l’impression la plus efficace et la plus durable possible sur l’esprit des hommes, et la moins cruelle sur le corps du coupable ».

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