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Devant le jardin du Palais-Royal à Paris, le 20 mars 2021, au premier jour du nouveau “confinement” en Île-de-France. © Anne-Christine Poujoulat/AFP

Covid-19

Bienvenue dans le nouveau monde du “comme si”

Octave Larmagnac-Matheron publié le 22 mars 2021 3 min

Drôle de confinement que celui que vivent certaines régions depuis la semaine dernière. Un confinement qui n’en est pas vraiment un, auquel on se plie sans y croire et sans savoir s’il changera quelque chose à la situation. Le télétravail est appliqué, mais pas complètement ; l’état d’urgence demeure mais prend l’allure d’un enchevêtrement de mesures dont nous ne savons plus lesquelles sont en vigueur ; à Marseille, un carnaval est organisé malgré les restrictions sanitaires, mais le sens premier du carnaval, sa gratuité, s’efface derrière les revendications politiques ; un peu partout, les théâtres sont occupés dans une relative indifférence. Tout ce que nous entreprenons semble aujourd’hui frappé du sceau du dérisoire. D’où vient ce sentiment de lassitude et d’étrangeté ? Du fait que la réalité ressemble de plus en plus à une fiction, que nous vivons à l’ère du « comme si », aurait répondu Pascal. 

 

Nous sommes entrés dans le monde du « comme si »

C’est, en tous cas, l’hypothèse que l’on peut faire face au sentiment de malaise généralisé. Pourquoi donc cette impression que tout ce que nous entreprenons aujourd’hui est teinté d’une distance, d’une sorte d’étrangeté ? Pascal en donne l’indice lorsqu’il écrit ces mots dans les Pensées (1670) : « On agit sérieusement et chacun suit sa condition, non pas parce qu'il est bon en effet de la suivre, puisque la mode en est ; mais comme si chacun savait certainement où est la raison et la justice. » Pour prendre au sérieux ce que nous faisons, nous devons croire à l’importance de nos actions. Ce n’est pas, contrairement à l’opinion la plus répandue (« la mode »), l’action en elle-même qui possède une valeur, une importance, un sérieux : ce sérieux dépend de notre capacité à nous convaincre de la valeur de l’action. La croyance précède l’évaluation.

 

Comment nous persuadons-nous que nos comportements ont un sens ?

Notre capacité d’auto-conviction provient, presque entièrement, de la « coutume », de l’habitude, affirme Pascal. C’est par cette sédimentation temporelle que le rôle que nous jouons dans le monde, parmi les autres hommes, devient comme une « seconde nature ». La coutume nous fait oublier que nous ne sommes, au fond, que des acteurs d’une pièce arbitraire, sans aucune justification, qui porte le nom de société. 

 

Comment faire quand rien ne nous paraît normal ?

Et c’est tout le problème, avec la crise sanitaire : toutes nos habitudes ont volé en éclats, et la situation d’urgence, qui nous arrime à l’instant, empêche pour l’heure que d’autres se reconstituent. Rien n’est plus normal, désormais : ni la vie politique, ni le rythme de nos vies personnelles. La coutume ne nous est plus d’aucun secours pour orienter dans une monde où nous avons perdu nos plus puissants repère. Et, dès lors, toutes nos actions se révèlent dans leur étrange vérité, comme des décisions arbitraires, sans fondement ultime.  Le « comme si » des fictions qui nous sont nécessaires pour agir apparait dans toute sa vanité. 

 

Le monde comme hypothèse

Tout, alors, devient sujet à d’interminables débats que nous, humains faillibles, sommes incapables de trancher. Nous ne savons plus nous prendre au sérieux. Pascal y aurait, sans doute, vu un danger considérable : « L’art de fronder, bouleverser les états est d'ébranler les coutumes établies en sondant jusque dans leur source pour marquer leur défaut d'autorité et de justice », écrit-il. Le virus frondeur a donné naissance à un monde profondément déboussolé, privé de repères. Tout se passe ainsi « comme si » nous étions confinés. Mais il n’est pas facile d’habiter le monde quand il ressemble à une hypothèse.

 

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