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© Éditions Le Livre de poche

Lecture d’été

Avec les “Rêveries” de Rousseau, l’existentialisme est un bucolisme

Caroline Pernes publié le 15 juillet 2022 3 min

Oeuvre philosophique et poétique, les Rêveries du promeneur solitaire font le récit d’une rencontre avec la nature et avec soi-même. Loin d’autrui, sommes-nous vraiment le ou la même qu’en société ? Réponse bucolique avec Jean-Jacques Rousseau et ce texte magnifique, plus philosophique qu’on ne l’imagine.

 

Et si, cet été, nous partions seul en vacances ? Pour se livrer à quelle expérience ? S’agira-t-il d’une retraite triste et silencieuse, pour le dire en un mot : déprimante ? Pas forcément, si l’on en croit Rousseau. Dans ses Rêveries du promeneur solitaire (publiées à titre posthume en 1782), la dernière œuvre signée de sa main, le philosophe genevois propose d’envisager cette solitude comme l’occasion d’un contact direct à soi, loin du bruit et des tromperies de la société. Le texte se lit comme une promenade, les pages se déroulent au fil d’un rêve coloré par les paysages et les incursions botaniques. L’expérience d’un monde entre parenthèses, d’une retraite imposée, et, finalement, d’une plénitude dans l’existence.

Le retrait social

La solitude ne nuit pas au bonheur, elle en est la condition. Pourquoi s’isoler ? Par nécessité, d’abord. Par choix, ensuite. Rousseau est « seul sur terre, n’ayant plus de frères, de prochain, d’ami, de société que [lui]-même ». Après avoir connu la célébrité grâce à son projet de réforme radicale du Contrat social, l’écrivain se brouille avec son ami Voltaire. Sous le feu des critiques, forcé à l’exil, son sentiment de persécution est accentué par sa paranoïa. Pour éviter de tomber dans la rumination et les regrets, il choisit de fuir le commerce humain en s’isolant sur l’île Saint-Pierre, en Suisse. Mais pour l’écrivain et philosophe, cette situation exceptionnelle est aussi l’occasion d’explorer ce qu’il est sans autrui : « Moi détaché d’eux et de tout, que suis-je moi-même ? Voilà ce qui me reste à chercher ». De manière moins dramatique, nous pouvons nous inspirer de son geste : les vacances sont aussi le moyen d’une mise à l’écart, avec la volonté de fuir son quotidien, de partir loin. Rousseau nous propose de nous retirer pour un temps de l’agitation sociale.

Une disposition mentale

C’est dans la nature que l’on trouve un tel refuge, pour Rousseau. Où allons-nous, pour nous retrouver face à nous-mêmes ? Le vacancier exténué, posant le pied sur la plage, s’exclame : « On respire ici ! » Son regard se tourne vers les arbres, il a l’impression de renouer avec quelque chose d’essentiel. Rousseau montre qu’un tel état d’esprit est salutaire dans cette entreprise de découverte de soi. S’il part, c’est pour se réfugier « chez la mère commune », cette nature qui le rapproche de son origine. Les promenades sont autant contemplatives qu’introspectives : Rousseau « se perd avec une délicieuse ivresse dans l’immensité de ce beau système avec lequel [il] se sent identifié ». Loin de ses semblables obsédés par le paraître, le philosophe tourne son esprit vers la contemplation des paysages. Il se livre à la botanique : le contact avec la terre, la beauté singulière des végétaux, l’empêchent de penser au rejet des autres. Il décrit ici un rapport différent à soi : se penser comme un individu unique, se suffisant « comme un dieu ». Pour un instant, orienter son attention vers soi et non plus vers les autres.

Une expérience existentielle

Pour quelles raisons se laisser aller à de telles rêveries ? Peut-être pour découvrir une nouvelle relation de soi à soi, un nouveau sentiment. C’est en tout cas ce que suggère l’auteur, quand, allongé sur une barque, il se laisse dériver. Le mouvement lent et régulier du bateau est pour lui le support d’un sentiment unique : celui d’être pleinement, simplement, soi. Il jouit du sentiment d’exister. Cette expérience existentielle sera reprise par le courant romantique, introduisant un nouveau type de rapport à soi-même. Il ne s’agit plus, comme chez Descartes, d’aborder le Moi sur le mode rationnel et objectif, dans une quête de contrôle, mais de le vivre, de l’éprouver dans toute la variété des affects qui s’offrent à nous. Le contact avec soi prend une signification morale : il importe de ressentir ce que nous sommes. Un sentiment qui, pour Rousseau, « suffirait seul pour rendre cette existence chère et douce ». Et qui pourrait bien donner une nouvelle couleur à nos vacances !

 

Classique de la philosophie, les Rêveries du promeneur solitaire sont disponibles en de nombreuses versions, dont aux Éditions Le Livre de poche.

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À quoi bon l'amour, quand la bonne santé, la réussite professionnelle, et les plaisirs solitaires suffiraient à nous offrir une vie somme toute pas trop nulle ? Depuis le temps que nous foulons cette Terre, ne devrions nous pas mettre nos tendres inclinations au placard ?
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