Qu’y a-t-il derrière l’horizon?
Poser les yeux sur le lointain : voilà qui invite à la rêverie et à la méditation. Où passe la frontière entre terre et ciel, entre visible et invisible ? Ces questions hantent le penseur allemand Albrecht Koschorke, auteur d’un livre étonnant sur l’évolution des représentations de l’horizon. Une manière de revisiter l’histoire de la métaphysique. Et de livrer un diagnostic sans concession sur notre époque en mal d’infini.
« Géographiquement, le fait qu’il y ait un horizon, bornant notre vision des paysages, est lié à la courbure de la Terre. Métaphysiquement, cette ligne marque la frontière du visible – c’est pourquoi l’horizon attire notre attention, en creux, sur ce qui n’est pas là. En d’autres termes, il nous suggère l’existence de quelque chose comme un au-delà.
Dans de nombreux mythes anciens, remontant à des époques où la courbure du globe n’était pas encore connue, on trouve des représentations de la Terre comme un disque, île posée au centre d’un océan primitif. On pensait alors que la voûte céleste coiffait la Terre et l’océan, comme une sorte de grand chapiteau. Qu’y avait-il aux confins ? Une mince ouverture. Or c’est vers cette béance que, selon certains mythes, s’envolaient les oiseaux migrateurs. Ils ne quittaient pas seulement la contrée, ils quittaient le monde. Il pouvait arriver également que, par cette béance, un héros mythique parvienne à sortir de l’espace terrestre et accède par l’extérieur à la voûte céleste qu’il pouvait alors escalader. La limite du monde pouvait en quelque sorte être franchie, même si le héros mythique n’était jamais un conquistador ou un explorateur, et si l’au-delà de la limite demeurait inconnu et mystérieux.
Dans l’Antiquité grecque s’est imposée l’idée d’une Terre sphérique. Cependant, pour Aristote, cette sphère terrestre était emboîtée dans d’autres sphères célestes. L’espace dans sa totalité était conçu comme fermé, rond, fini. Donc, l’histoire de l’horizon tel que nous l’appréhendons ne démarre vraiment qu’à la période moderne. Avec la modernité, on voit se former la représentation d’une sphère sphérique et suspendue dans un espace immense, voire infini, en trois dimensions. Ce qui fait surgir la question de l’horizon dans toute son ampleur. Désormais, une ligne tangente au globe terrestre part de notre œil et plonge dans l’infini de l’espace. On comprend qu’avec la modernité, la contemplation de l’horizon prenne une signification si poignante, si vertigineuse, si authentiquement philosophique. C’est donc au début du XVIe siècle que commence l’histoire que je vais, ici, brièvement parcourir. »
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