Aurélien Bellanger. L’apesanteur et la grâce
Ceux qui l’apprécient en parlent comme d’un héritier de Balzac. Ses détracteurs en parlent comme d’un Houellebecq passé par Port-Royal – no sex tonight et style « Wikipédia ». Mais Aurélien Bellanger, lui, fait ce qu’il a envie de faire : « Dans toute œuvre d’art réussie, il y a une idée, et cette idée ne peut pas exister autrement. » Celui qui devait faire sa thèse de philo avec Frédéric Nef sur « la métaphysique des individus possibles » la réalise sous forme romanesque. Sous la voûte de l’église des Jacobins, à Agen, lors des premières Rencontres philosophiques Michel-Serres, le romancier a présenté son dernier ouvrage, Téléréalité (Gallimard). Le regard est chaleureux, curieux, perçant. Plus botaniste qu’entomologiste.
Où étiez-vous avant votre naissance ?
J’attendais.
Un dieu, un maître ?
Un dieu, sans doute, comme celui de Spinoza, parce que son dieu, pas aussi naturalisé qu’on le croit, est un bon candidat au titre de vrai dieu. Quant à un maître, j’en change tous les cinq ans. En ce moment, c’est Walter Benjamin.
Votre mot favori ?
Pas de mot favori, mais dans le nuage de mots que j’utilise, il y a souvent « monde ».
Votre devise ?
Avoir quand même de la chance, un peu.
De quoi doutez-vous ?
Du progrès.
La question que vous aimez poser aux autres ?
Je pose énormément de questions, mais je n’écoute pas du tout les réponses, ou je me souviens de ce que j’ai répondu, moi. L’exercice est moins égotiste qu’il n’y paraît, puisque je me suis mis pour cela à la place de l’autre.
De quelle illusion vous bercez-vous ?
De l’immortalité de l’âme.
Comment faites-vous pour vous endormir ?
Je me raconte des histoires.
Une rencontre déterminante dans votre parcours ?
La lecture de Bruno Latour, qui a apporté, de l’extérieur, du sens à toute mon expérience romanesque. J’enquêtais moi aussi sur les modes d’existence…
Comment vous connectez-vous à votre inspiration ?
Rien de plus facile : je travaille très peu mais quand je travaille, je travaille bien. J’ai le génie de la paresse.
Un ingrédient indispensable au processus créatif ?
Le café, la vengeance et la grâce.
Mettez-vous quelque chose au-dessus du bonheur ?
Un casque de chantier sur ma tête.
Votre plus vieux souvenir ?
Un cauchemar abstrait : des lignes floues quasi manuscrites qui s’avancent sur un fond noir. J’espère que ce n’était pas une vue en raccourci de ma vie.
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