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Infographie représentant les dernières heures de Pompéi avant l’éruption du Vésuve. Statue de Livie, épouse de l’empereur Auguste. © Isa Harsin/Sipa

Au-dessous du volcan

Sven Ortoli publié le 02 mars 2023 3 min

Comment réagir face à une situation exceptionnelle, inopinée et potentiellement catastrophique ? Partir ? Rester ? C’est la question que posent immanquablement les touristes (et Sven Ortoli parmi eux, il y a quelques jours) arpentant les rues d’Herculanum ou de Pompéi. Quelle décision auriez-vous prise ?

 

« C’est entendu, la question est biaisée : vue du XXIe siècle, l’équation – secousses de plus en plus fréquentes et intenses + panache de cendres – indique avec une forte probabilité qu’il est temps de se carapater toutes affaires cessantes vers des cieux plus cléments. Seulement voilà, les Romains vivant aux pieds du Vésuve durant l’automne 79 n’avaient aucune expérience des éruptions – un demi-siècle plus tôt, le géographe Strabon avait décrit le Vésuve comme un volcan, mais personne ne l’avait jamais vu en action au motif que sa précédente convulsion datait de 1 700 ans. On connaît le dénouement : quinze à vingt mille personnes ont fui à temps, plus de trois mille ont été ensevelies sous les pluies de pierres ponces ou rôties par les coulées pyroclastiques. D’où la question : comment se comporter face à un danger aux conséquences incertaines ?

Dans ma lecture de voyageur temporel dans la Campanie de Pline l’Ancien, j’imagine que j’aurais filé ventre à terre dès les premières secousses, mais bien entendu, ce n’est pas si simple. Admettons que j’aie été un citoyen romain plutôt qu’un esclave (alors mon petit Criton, vous gardez bien la maison n’est-ce pas, je reviens de suite). Fuir, mais pour aller où ? Comment ? Laisser la maison ouverte aux pillards ? Me planquer dans la cave ou sous un hangar de pierre sur la plage en attendant que ça passe ? Funeste décision après coup. Mais comment savoir ? “De toute façon, dit Kundera dans L’Insoutenable Légèreté de l’être (1984), il n’existe aucun moyen de vérifier quelle décision est la bonne, car il n’existe aucune comparaison. Tout est vécu tout de suite pour la première fois et sans préparation. Comme si un acteur entrait en scène sans avoir jamais répété.” Un peu désabusé, mais pas faux – sauf qu’il y a des décisions meilleures que d’autres, même si on ne le constate qu’a posteriori. Lesquelles ?

Les économistes se sont intéressés à la prise de décision depuis belle lurette, mais s’il existe des théories pertinentes quand on a toutes les cartes en main, elles le sont moins pour aider à se comporter face à des catastrophes improbables et potentiellement désastreuses. John von Neumann et Oskar Morgenstern en ont formalisé une en 1944 avec la “théorie de l’utilité espérée”, qui suppose des individus rationnels probabilisant un mieux-être attendu. Or la plupart des gens réagissent plus avec leurs tripes qu’avec leur tête, et les prises de décision – c’est l’un des aspects des travaux du neurologue António Damásio – ne relèvent pas uniquement de mécanismes cognitifs mais de trivialités diverses et de facteurs émotionnels qui se nichent derrière n’importe quel choix existentiel inopiné : “Les décisions courageuses se prennent toujours plus ou moins dans la nuit d’un aveuglement momentané”, précise Jankélévitch, et les décisions pétochardes aussi – c’est le thème du film Snow Therapy (2014), où l’on voit un homme sauver son portable plutôt que sa famille.

Partir ou rester, telle est la question, qui s’est posée par exemple aux habitants de Bakhmout en Ukraine. Toutefois, le fait est qu’au cours de nos vies, nous y sommes confrontés sous des formes généralement moins spectaculaires, mais tout aussi vitales pour nous. Qu’aurais-je fait à Pompéi ? Je n’en sais rien, cela va de soi, mais je sais en revanche qu’aujourd’hui, j’ai le sentiment de vivre au-dessous d’un volcan, social, politique, climatique. Et que partir ne fait pas partie des choix possibles. »

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