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Environnement

Après les pollueurs payeurs, les pollueurs rémunérés ?

Jean-Marie Pottier publié le 24 février 2021 3 min

Les pollueurs méritent-ils d’être indemnisés pour leur contribution au changement climatique ? Posée comme cela, la question peut paraître indécente, mais c’est pourtant, d’une certaine façon, celle qui est soulevée par deux chercheurs, Kian Mintz-Woo, spécialiste de la philosophie du changement climatique à Princeton, et l’économiste enseignant à HEC Montréal Justin Leroux, dans une étude à paraître dans la revue Economics & Philosophy. 

Ils partent du principe que, si le réchauffement climatique a globalement un impact négatif sur nos sociétés, il peut avoir un aspect positif pour certains secteurs (par exemple, les revendeurs de systèmes de climatisation ou bien des agriculteurs qui bénéficieraient de climats plus doux pour leurs récoltes), pour certaines régions, voire pour certains pays. 

L’« égalitarisme de la chance »

Il est déjà presque acquis que les pollueurs doivent compenser financièrement leurs externalités négatives, c’est-à-dire les conséquences dommageables de leur activité dont ils ne supportent pas le coût : les auteurs proposent donc que, symétriquement, ceux qui ont été positivement affectés par le changement climatique (et qui, insistent les auteurs, représentent une minorité) rétribuent ces pollueurs.

Mintz-Woo et Leroux distinguent cependant deux types de « gagnants » du réchauffement climatique : 

  • le gagnant « actif » choisit de se lancer dans une activité économiquement plus adaptée au nouveau climat (cela serait, par exemple, le cas d’un agriculteur qui reconvertirait ses terres pour produire du vin) ;
  • le gagnant « passif », lui, continue son activité comme avant et ne bénéficie que du changement de climat, pas d’un changement d’attitude (on en revient, là encore, au cas du fabricant de ventilateurs qui verrait la demande pour ses produits s’envoler). 

Pour les auteurs, seuls les gagnants passifs doivent indemniser les pollueurs car ils ne « méritent » pas leurs gains supplémentaires, contrairement aux gagnants actifs. Une idée qu’ils inscrivent dans le cadre théorique dit de l’« égalitarisme de la chance », selon lequel les inégalités dues aux circonstances sont injustes, pas celles dues aux choix.

Le nouveau principe de Peter

Les deux auteurs arrivent ainsi à un principe qu’ils baptisent le PPTR, polluter pays, then receives, soit « pollueur-payeur, puis payé ». Et qu’ils suggèrent de prononcer Peter, avec, on le suppose, un brin d’ironie puisqu’il existe déjà un principe de Peter bien connu, selon lequel, dans une hiérarchie, chacun finit par s’élever à son niveau d’incompétence. Ce nouveau principe de justice climatique tranche avec le bien connu « pollueur-payeur » mais aussi avec le principe dit beneficiary pays, qui suppose que les bénéficiaires des activités polluantes indemnisent ceux qui sont affectés, mais pas les pollueurs. Il reste ce système risque d’être compliqué à appliquer, puisqu’il faudra déterminer gagnants et perdants, non seulement entre les régions et les industries d’un pays mais aussi entre les pays eux-mêmes, dont certains, comme le Canada voire la France, pourraient se révéler gagnants nets du changement climatique à moyen terme.

Un mal pour un bien ?

Pour Mintz-Woo et Leroux, ce principe PPTR présente en tout cas plusieurs avantages. Tout d’abord, il reconnaît que le changement climatique est un phénomène négatif dans son ensemble mais complexe et hétérogène dans ses détails : or, selon les auteurs, reconnaître cette complexité et cette hétérogénéité constitue un bon moyen de lutter contre le climato-scepticisme. Le PPTR aurait aussi des vertus didactiques, en montrant que les externalités positives d’une action pour la société doivent être récompensées, même quand la même action génère par ailleurs davantage d’externalités négatives. Une leçon qui dépasse largement le changement climatique pour s’appliquer à d’autres domaines : « Beaucoup de gains pour la société, notent les auteurs, tels que la connaissance et l’innovation, ne sont pas suffisamment récompensés, ce qui envoie de mauvais signaux sur la façon dont nous voulons qu’elle se développe. »

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