Les Français, fâchés avec l'argent?
Ils refusent d’avouer leur salaire, ont une réputation de pingres en Grande-Bretagne ou aux États-Unis, sont hostiles au bling-bling… Mais pourquoi les Français sont-ils ainsi fâchés avec l’argent ? Si nos racines paysannes expliquent en partie notre culte de l’épargne et de la propriété immobilière, il est possible que la valeur républicaine de l’égalité soit la principale racine du tabou.
« Mon seul adversaire, celui de la France, n’a jamais cessé d’être l’argent », déclarait de Gaulle en 1952. Quelques années plus tard, en 1971, François Mitterrand fustigeait « l’argent qui corrompt, l’argent qui achète, l’argent qui écrase. L’argent-roi qui pourrit jusqu’à la conscience des hommes ». C’est bien connu : dans notre pays, l’argent n’a jamais eu bonne réputation. En témoignent les réactions outrées face au bling-bling sarkozien, les récentes indignations devant les revenus des patrons, ou la répugnance, plus ancrée, à avouer son salaire… Mais cette hostilité se mêle d’ambiguïté. Ne dit-on pas aussi que les Français sont avares ou obsédés par la propriété ? Et, ces temps-ci, n’ont-ils pas mieux résisté à la crise grâce au fait que, de tous les Occidentaux, ils sont ceux qui épargnent le plus ? Notre rapport à l’argent est complexe…
La défiance gauloise à son égard n’a rien d’un mythe. « En France, parler d’argent est encore plus dur que de parler de sexualité », constate la sociologue Janine Mossuz-Lavau, auteure d’une grande enquête parue en 2007, L’Argent et nous (La Martinière). « Cette hostilité s’explique par le fait que nous venons presque tous de familles paysannes. Dans la culture rurale, personne ne parlait d’argent car on l’avait tous en liquide à la maison. » Autre motif bien connu : le poids du catholicisme, religion tournée vers les humbles et qui n’a cessé de fustiger le pouvoir corrupteur des richesses. La sociologue rappelle aussi l’influence de la pensée marxiste sur une partie de la population, et le rôle de l’État providence, qui permet que l’on ait moins à évoquer l’argent dans les discussions et dans la vie quotidienne que dans un pays comme les États-Unis, où l’on doit à tout instant se soucier de payer pour tout : l’éducation, la santé, etc.
Analyse des termes du sujet « Faut-il » Est-il nécessaire ? Préférable ? Avons-nous l’obligation ? « choisir entre » Choix inclusif ou exclusif, préférer, hiérarchiser. « égalité » Égalité…
Le terme d’« islamogauchisme » fait débat, notamment autour du fait décolonial. Mais si l’on retourne aux sources et aux textes, on voit…
Si l’on en croit le proverbe « quand on aime on ne compte pas », l’amour avec un grand « A » ne devrait pas se préoccuper de l…
Quel rapport entretenons-nous avec l’égalité ? Florent Guénard, maître de conférences à l’École normale supérieure et directeur de la La Vie…
Le confinement a accentué le décrochage scolaire, constate la sociologue de l'éducation Marie Duru-Bellat, qui vient de signer, avec François…
Alors que la campagne présidentielle bat son plein en France, nous avons interrogé Jan-Werner Müller, professeur de philosophie politique à…
Fabrice Luchini revient sur scène pour y dire des textes sur l’argent. Il lit Zola, Guitry, Marx, mais aussi un penseur contemporain qu’il…
Grande voix de la philosophie morale américaine, acclamé comme une rock star à chacune de ses interventions, il a inventé une nouvelle manière d’interroger nos intuitions, à la croisée de Socrate et du showman. Son dernier livre, “Ce…