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Présidentielle 2022

Abstention à la présidentielle : comment répondre au silence ?

Frédéric Manzini publié le 26 avril 2022 3 min

28,01% d’abstention au second tour de la présidentielle : du jamais vu depuis plus de 50 ans ! Au lendemain de sa réélection, Emmanuel Macron va devoir composer avec des millions d’électeurs, de gauche notamment, qui se sont tus le 24 avril. Comment interpréter ce silence pesant, voire menaçant, à l’approche des législatives et à l’orée d’un quinquennat qui risque d’être agité ? Que faire du message silencieux envoyé par les abstentionnistes – et d’ailleurs, est-il seulement possible de l’interpréter ? Analyse.

 

  • S’abstenir, ce n’est pas (forcément) ne rien dire. Il y a de multiples formes de silence dans l’existence, y compris lors d’élections, et toutes ne se valent pas. On peut ne pas se prononcer par embarras, lorsqu’on n’a rien à dire, par timidité parce qu’on n’ose pas donner son avis, par politesse ou encore par respect, mais aussi par paresse : on peut, tout simplement, se désintéresser totalement du résultat d’une élection. Dans le cas de ceux du second tour de la présidentielle, cependant, l’abstention record est d’une autre nature puisqu’elle est en partie interprétée comme un refus explicite de l’alternative proposée. « Ni Macron, ni Le Pen » scandaient ainsi un certain nombre d’abstentionnistes, tandis que d’autres inscrivaient ce slogan sur les murs de leur université. En ce sens, et comme l’écrit Jean-Paul Sartre dans Situations (1947), on peut considérer que « l’abstention est un choix », c’est-à-dire une manifestation de la liberté comme une autre, en l’occurrence une prise de position très politisée.
  • Citoyen actif contre citoyen passif. Du côté des politiques, l’attitude à adopter n’a rien d’évident. Il pourrait être tentant de se désintéresser des abstentionnistes pour ne se préoccuper que des citoyens politiquement actifs, c’est-à-dire ceux qui ont accepté l’offre politique du second tour – et qui sont susceptibles de revoter pour vous. Cette distinction entre « citoyens actifs » et « citoyens passifs » rappelle celle de l’abbé Sieyès pendant la Révolution française (et reprise plus tard par Kant) : d’un côté, les actifs qui peuvent jouir de tous leurs droits (et donc élire les députés) parce qu’ils sont capables de contribuer à l’impôt ; de l’autre, les passifs qui ne jouissent que de leurs droits civils mais pas de leurs droits politiques. Mais outre qu’elle est difficilement conciliable avec l’exigence d’égalité, cette différence de traitement est également dangereuse d’un point de vue politique, car ce qui n’a pas trouvé d’expression dans les urnes risque de se trouver des voies de contestation moins légalistes : dans la rue, par exemple, au risque d’accroître la violence politique que le vote est censé canaliser.
  • La part des sans-part. Comment donc tenir compte de ceux que Jacques Rancière appelle les « sans-part » – c’est-à-dire, à ses yeux, des pauvres, des oubliés, de ceux qui n’ont pas de voix et qui sont tenus ou se tiennent eux-mêmes à l’écart du débat public ? Dans La Mésentente (Galilée, 1995), le philosophe propose de repenser la politique en mettant en valeur le dissensus – et non le consensus – pour redonner sa place au « peuple », exclus de la répartition matérielle ou symbolique des « parts » dans la société : « La politique existe là où le compte des parts et des parties de la société est dérangé par l’inscription d’une part des sans-part », écrit-il. Avec l’élection présidentielle de 2022, tout se passe comme si les abstentionnistes voulaient d’eux-mêmes se ranger délibérément du côté des « sans-part », comme pour mieux nous inviter à repenser l’état de la politique. En se mettant délibérément en retrait du vote, ils veulent la questionner en son cœur, et rappeler l’écart qui existe entre l’idéal démocratique et le réel : ils disparaissent pour mieux qu’on les voie. Encore faut-il accepter d’être dérangé, sans s’en offusquer. Car une chose est sûre : il va être difficile de faire sans les sans-part, pendant les cinq prochaines années.
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