Abou Ghraib, la répétition d’un passé qui ne passe pas
La prison d’Abou Ghraib est maintenant fermée. Michel Terestchenko s’interroge : comment des soldats américains, citoyens de l’Etat le plus démocratique au monde, en sont-ils arrivés à torturer et à devenir des « monstres » ? C’est la banalité du mal, encore.
Les expériences de psychologie sociale menées, dans les années 1960, par Stanley Milgram sur la soumission à l’autorité sont plus connues en France par le film qu’en a tiré Henri Verneuil, I comme Icare (1979), que dans le détail de leurs dix-huit variantes. Ce n’est pas le cas aux Etats-Unis. Nombre de lycées et d’universités les inscrivent au programme de leur enseignement général. Il en est de même de l’expérience de la prison de Stanford conduite quelques années plus tard par Philip Zimbardo. Elle révèle la terrifiante propension de sujets ordinaires – des étudiants – à se transformer en gardiens cruels lorsqu’ils se voient attribuer une fonction leur donnant toute licence d’exercer un pouvoir absolu et anonyme sur des camarades, placés en position de détenus inoffensifs. On serait en droit d’attendre qu’un tel pays soit préparé mieux que tout autre pour prévenir et interdire des situations, plus encore des institutions, qui favorisent de semblables comportements de destructivité. Si l’on ajoute que cette nation est l’une des plus grandes démocraties du monde, que ses dirigeants ont l’ambition d’apporter, fût-ce par la force, les bienfaits de la liberté politique, les principes universels de l’humanisme et le respect des droits de l’homme partout où ils sont bafoués, on saisit à quel point les sévices et les actes de torture perpétrés par les soldats américains dans la prison d’Abou Ghraib, en Irak, constituent une transgression morale majeure.
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