Une histoire mondiale du communisme, tome 3: Les complices

Une recension de Michel Eltchaninoff, publié le

Après les « Bourreaux » et les « Victimes », le dernier volume du grand œuvre de Thierry Wolton raconte un siècle de militantisme communiste de par le monde. Il pose surtout une question dérangeante, et qui demeure en suspens. Comment se fait-il que le communisme, responsable de dizaines de millions de morts par « classicide » – élimination « d’ennemis de classe » – dans les vingt-six pays où il a été au pouvoir durant le XXe siècle, bénéficie toujours d’une telle indulgence ? Disséminée, dépourvue d’un symbole fédérateur, défendue par des intellectuels qui refusent de se confronter à son bilan, cette idéologie a rencontré, durant toute son histoire, une incroyable complaisance. Ce livre très documenté rappelle à bon escient les odes d’Aragon à la Terreur rouge, les voyages aveugles en URSS, les exaltations maoïstes, les silences sans regret, les contre-offensives sans complexes. Il montre comment le marxisme-léninisme a joui du privilège, parmi des intellectuels animés par la haine de soi, d’avoir été assimilé au progrès historique vers le bonheur de l’humanité. Ce qui rachète, aux yeux de ses défenseurs, les massacres et les répressions. Aujourd’hui encore, l’absence de volonté politique, le conformisme, la connivence, l’ignorance des faits limitent tout travail de mémoire sur le sujet. Si « le deuil du communisme n’est pas terminé », l’auteur propose simplement de regarder la vérité en face.

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