Un été avec Machiavel
Une recension de Catherine Portevin, publié leMachiavel sut « écarter du même geste l’espoir et le désespoir » : Patrick Boucheron fait sienne, ultimement, la lecture magistrale de l’auteur du Prince par Maurice Merleau-Ponty, pour qui le Toscan ouvrait la possibilité d’un « humanisme sérieux ». Autrement dit, qui tienne la crête entre les beaux principes et le cynisme. Nous y sommes : notre époque, opaque, indéterminée, sentant confusément l’impuissance de l’idéal républicain, est l’un de ces moments machiavéliens que l’histoire engendre. Nous avons besoin de Machiavel pour apprendre à y penser et agir, affirme Patrick Boucheron, qui a reconnu depuis longtemps en lui un « frère d’armes ». Il l’a fait découvrir l’été dernier aux auditeurs de France Inter. Ses chroniques, éditées ici en vifs chapitres, rythmeront tout aussi bien cette belle saison, et les suivantes.
Il faut d’abord se débarrasser du machiavélisme qui fait écran, comme un miroir sans tain. Et recommencer par le début : Nicolas Machiavel est né le 3 mai 1469 à Florence, qui était alors une république « gonflée d’orgueil », « gouvernée par des hommes d’argent qui se figeait progressivement en oligarchie ». En courts tableaux, nous voyons Machiavel recopier le De natura rerum de Lucrèce – « Qu’est-ce au fond que sa philosophie sinon le passage en politique du matérialisme de Lucrèce ? » Ou bien nous lisons page à page Le Prince : lorsqu’il préconise d’être tantôt renard pour éviter les pièges et tantôt lion pour effrayer les loups, n’est-ce qu’un « misérable petit tas de ruses » ? Il s’agit plutôt, explique Boucheron, d’une « philosophie de la nécessité » (donc du discernement), de gouverner « en supposant toujours le pire chez ceux [que l’on] gouverne ». Comme dans un puzzle, la figure de Machiavel, petit à petit, devient familière. Il reste pour l’animer à ajouter la pièce, qu’avait déjà vue Nietzsche et qui emporte tout : « une pensée dure » avec « une bonne humeur endiablée ». Quant au joyeux Boucheron, il n’a pas manqué de se réapproprier l’adresse de Machiavel aux princes : « Mon intention est d’écrire chose utile à qui l’entend. »
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