Sur les moyens de réprimer la colère: Suivi de Sur la colère

Une recension de Pierre Bottura, publié le

La poétesse Sappho donnait le conseil suivant : « Lorsque dans votre sein bouillonne la colère, sur votre langue veillez. » Pour le moraliste Plutarque (environ 40-125 après J.-C.), la colère ne nous appartient pas ; c’est elle qui nous possède. Dans ce petit essai, l’auteur des Vies parallèles dresse un tableau à deux colonnes des manifestations de ce « débordement de bile » ; d’un côté, il y a les êtres que la colère révèle et qui, sous son emprise, s’avèrent être les pires des hommes ; de l’autre, ceux qui s’en détournent, ou plutôt, qui acceptant sa nature intrinsèquement humaine, ne peuvent que chercher à la dompter. Plutarque cite l’exemple de Socrate qui, la sentant approcher, « abaissait le ton, prenait un visage souriant, un regard plein de douceur. C’était en se portant en quelque sorte du côté opposé ; en prenant une direction inverse, qu’il parvenait à ne pas succomber, à n’être pas vaincu par la colère ». Et encore celui du général macédonien, Antigone le Borgne qui, entendant des soldats le railler, leur demande d’aller le critiquer… ailleurs. Résolution, habitude, ascèse : tels sont, en quelque sorte, les moyens prescrits par Plutarque, et après lui par Montaigne, dont un extrait des Essais clôt l’ouvrage, pour se rendre maître de ce qui nous déborde et nous trahit. 

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