Vos questions

C’est une question que je me pose à chaque fois que je me mets en colère: à quoi ça sert ?

publié le 3 min

Pauline Larnaudie, 27 ans, Paris

Cela ne surprendra personne : peu de philosophes défendent la colère. Elle est pour Aristote, ou pour un stoïcien comme Sénèque qui lui consacre tout un traité, le cas d’école de l’emportement par lequel l’homme ajoute inutilement du mal au mal. Elle est chez Spinoza la conséquence de la haine, elle-même conséquence de la tristesse, autant dire la pire des passions tristes, la preuve que nous n’entendons rien au projet spinoziste : « Ni rire ni pleurer, mais comprendre. » Viser la joie, la béatitude ou la sagesse, c’est donc d’abord apprendre, chère Pauline, à ne pas se mettre en colère. Elle est aussi inutile dans une pensée du destin que dans une philosophie de la contingence. Si le monde est un destin, alors la colère ne sert à rien. Si les choses sont contingentes, alors il n’y a plus de raison de se mettre en colère : employons-nous plutôt à les changer, ce que nous ferons mieux sans colère. L’expression « se mettre en colère » suffisait d’ailleurs à attirer le soupçon : elle porte l’idée d’une décision incompatible avec la pureté de l’élan, d’une théâtralisation incompatible avec le caractère insoutenable de l’injustice.

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