Préserver nos solitudes

Une recension de Octave Larmagnac-Matheron, publié le

« Aucun des paysages de la Nature ne sont laids tant qu’ils sont sauvages »: au fil de ses pérégrinations dans les grands parcs de l’Ouest américain, John Muir (1838-1914), infatigable voyageur et précurseur de la pensée écologique, dévoile la beauté des « solitudes », selon le terme choisi par Martin Paquot pour rendre l’intraduisible wilderness. Tout le fascine dans ces contrées inviolées qui « respirent à leur rythme » – même lorsqu’elles se montrent hostiles et dangereuses. Il « respecte la vie des plantes et des animaux au point de […] s’adapter à leurs rythmes, de ne jamais les brusquer ». Si ses explorations sont solitaires, l’écrivain prolixe se conçoit comme un « émerveilleur » : inlassablement, il transmet la « beauté multisensorielle » de l’érème (espace inhabité) au plus grand nombre. Promoteur ardent des politiques de préservation d’une nature vraiment sauvage contre les tenants d’une exploitation même raisonnée, Muir fait en effet du « bain de nature » le meilleur remède aux maux de la modernité. Il observe d’ailleurs, dès la fin du XIXe siècle, que « des milliers de personnes épuisées, éprouvées, sur-civilisées, commencent à comprendre qu’aller dans les montagnes, c’est rentrer chez soi ; que l’état sauvage est une nécessité ».

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