Peter Godfrey-Smith. “Notre relation à la nature sauvage ne peut plus être la même”
En deux mois, les feux de brousse en Australie ont dévasté 18 millions d’hectares. Et pour la première fois, les médias internationaux se sont fait largement l’écho de l’impact d’une catastrophe écologique sur les animaux. Des événements que commente le philosophe australien Peter Godfrey-Smith.
Quelle a été votre expérience des feux qui ont dévasté l’Australie ?
Peter Godfrey-Smith : Il y a eu trois incendies près de chez moi – j’habite dans les Blue Mountains, à l’ouest de Sydney. La ligne du feu s’est approchée à quatre ou cinq kilomètres de ma maison, mais je n’ai pas été physiquement en danger. Cependant, la quantité de fumée dégagée a été vraiment inouïe, et l’une des choses qui me font de la peine, c’est de penser à tout ce qu’ont inhalé les enfants de Sydney au cours de ces semaines. Une fumée épouvantable, jour après jour. En discutant avec mes voisins, mes proches, je m’aperçois que nous sommes tous choqués, nous avons désormais une expérience nouvelle de l’été, bien moins candide. Je dirais que notre relation à notre pays change aussi. Je ne sais comment le décrire sans emprunter un langage métaphorique. Mais l’Australie n’est pas comme la France, ce n’est pas une nature cultivée par la main de l’homme. Nous avons autour de nous de grands espaces sauvages, presque pas transformés par les activités humaines. C’est comme si notre pays, si préservé et si vaste, avait une personnalité propre, indépendante de nous autres les humains. Et tout à coup, cette terre se révèle plus hostile et dangereuse que prévu. L’économie australienne n’est pas responsable de la totalité du réchauffement climatique, pourtant, nous n’avons rien fait pour prévenir de telles catastrophes au niveau national, au contraire. C’est comme une histoire d’amour avec un être doté d’une personnalité, une histoire qui était chargée de beauté et qui s’assombrit subitement. J’ai conscience des limites de ma métaphore, mais les événements sont trop proches pour que j’en parle de façon plus rationnelle.
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