Les Vices du savoir. Essai d’éthique intellectuelle
Une recension de Martin Duru, publié lePlagier, ne pas vérifier ou citer ses sources, propager des infox… Ces pratiques – qu’on les rencontre dans le monde universitaire, le discours politique ou le journalisme – ne sont-elles que des erreurs occasionnelles ? C’est plus que cela pour Pascal Engel : ce sont des « vices » – le mot est fort. L’ambition de cet ouvrage est de construire une « éthique intellectuelle » définie comme une « discipline normative, portant sur les règles et les normes du penser en général ». Deux temps jalonnent le propos. Tout d’abord, sur un plan épistémologique, l’auteur se penche sur la question : qu’est-ce qui légitime un jugement, une assertion quelconque ? Réponse : on ne doit croire – et énoncer – que ce qui peut être justifié par un savoir, par des « preuves suffisantes ». Si la thèse paraît simple, Engel défend ici un « évidentialisme normatif » particulièrement robuste. Sur cette base, il passe à un second niveau, plus moral, proposant une théorie des vertus et des vices intellectuels. Est vertueux intellectuellement celui qui respecte les réquisits posés avant (ne croire que ce qui est correctement pensé) ; est vicieux celui qui se montre « insensible » à ces critères ou les méprise ouvertement. Parmi les vices intellectuels, la paresse, la vanité, le dogmatisme ou encore la bêtise, qui fait l’objet d’un chapitre : celle-ci n’est pas de l’ordre de la déficience cognitive mais de la « malveillance épistémique » ; le « vrai » bête, c’est celui qui ignore sciemment la vérité, s’en contrefiche avec un cynisme décomplexé (Donald, si tu nous lis…). Voici donc un plaidoyer pour la « justesse d’esprit » et pour ce que d’aucuns considéraient comme de vieilles lunes, la connaissance, la raison et, encore elle, la vérité. C’est plutôt rare par les temps qui courent : même si des crampes mentales ne sont pas à exclure, effet détox garanti.
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