L’École de la vie

Une recension de Catherine Portevin, publié le

Érotique : il fallait oser poser ce terme au cœur d’un essai sur l’enseignement. Par ce culot, Maxime Rovere parvient à nous surprendre sur un sujet qui charrie à chaque rentrée des torrents de poncifs, le plus souvent sur le mode de la déploration (la baisse du niveau, la fin de l’autorité, la perte d’attention, la démission des parents, la dépression des profs, l’incivilité des élèves, etc.). Le professeur Rovere ne les ignore pas, il tente de les penser autrement, et ce, en partant de façon très socratique de la matérialité des corps en présence dans ces lieux censés être dédiés à la vie de l’esprit, pour approcher le « vertige » des « grandes profondeurs ». Que la relation d’apprentissage, même inégale et déséquilibrée, soit une relation d’amour et de désir est, selon le philosophe, le grand tabou de la réflexion sur l’école. Elle dépasse l’institution scolaire : l’interaction prof-élèves est le modèle de toutes les relations vitales qui nous construisent et produisent ainsi du savoir. Si Rovere remet en cause l’idéal de la transmission unilatérale, il ne rejoue pas pour autant les utopies libertaires ambiguës des « libres enfants de Summerhill » ! Mais il défend une forte vision de l’acte d’apprendre où il s’agit non de surmonter les difficultés ou de réussir, mais de « faire confiance aux problèmes ». Une proposition séduisante.

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