Le gouvernement de soi et des autres : Tome 2, Le courage de la vérité - Cours au Collège de France (1983-1984)
Une recension de Philippe Chevallier, publié leTrès affaibli au cours de l’hiver 1983-1984, Michel Foucault ne commence son enseignement au Collège de France qu’en février, poursuivant une exploration des implications morales et politiques du « franc-parler » (parrêsia) dans la pensée grecque. Début juin, le philosophe est hospitalisé. Il décède quelques semaines plus tard. L’égrenage des dates donne à cet ultime enseignement la forme épurée d’une droite : comme s’il fallait couper au plus court avant la nuit. Rarement Foucault aura été aussi limpide, aussi direct.
Pour le philosophe, la vérité chez Démosthène, Platon ou Aristote n’est pas le résultat de procédures formelles qui guideraient le savoir humain vers son accomplissement ; elle est ce qui dresse une parole à la verticale du bavardage et des froides démonstrations. Ainsi, la vérité n’est plus la chose la mieux partagée du monde, ce fonds commun qui favorise l’entente entre les hommes, mais ce qui, au contraire, fait rupture. En parlant vrai, et en s’engageant dans sa parole, « le parrèsiaste risque toujours de défaire cette relation à l’autre qui est la condition de possibilité de son discours. » D’où le rapport problématique entre la parrêsia, la parole libre, et la démocratie, quand la flatterie gouverne les débats.
Ce cours témoigne d’un réinvestissement passionné du champ politique, alors que le deuxième volume de l’Histoire de la sexualité, publié un mois avant sa mort, pouvait donner l’illusion d’un Foucault détaché du monde et replié autour du « souci de soi ». À quelle condition la vérité peut-elle être dite et avoir un effet dans la vie de la cité ? En partant de la Constitution des Athéniens (Ve-VIe siècle avant J.-C.), Foucault risque une réponse : à la condition que le champ politique ne soit pas défini par « l’indifférence entre des sujets parlants » – définition si souvent revendiquée de l’égalité démocratique – mais bien par des choix éthiques individuels, voire par des existences qui s’efforcent de coïncider avec « une vie de vérité ». S’esquisse un portrait du philosophe en militant, dont le modèle serait l’école cynique. C’est dans sa vie concrète – sa façon de se loger, de se nourrir, de se vêtir – que le cynique manifeste ce que doit être la vie, en la réduisant au strict nécessaire : une vie d’endurance, sans refuge et sans gloire.
Mais l’éloge de cette parole disjonctive ne doit pas faire oublier le respect d’un patient labeur. Surtout quand Foucault définit ce qu’est pour lui la philosophie : une activité qui lie ensemble, sans les confondre, les domaines de la science, de la politique et de l’éthique. En quatorze ans d’enseignement au Collège de France, Foucault n’a pas fait autre chose.
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