La mort du père. Sur le crime de parricide à Rome
Une recension de Philippe Chevallier, publié leLe titre de cet ouvrage inachevé du grand historien du droit décédé en 2008 est trompeur. Le parricide n’occupe que le premier chapitre d’une passionnante exploration de la puissance des pères à Rome, figure d’un empire absolu sur les corps, et nœud juridique où sphère privée et sphère publique se confondent. Offrant un vrai plaisir de lecture, tant Yan Thomas rend lumineuse la plus subtile casuistique, La Mort du père n’est pas seulement un voyage dans une pensée juridique qui bouscule nos distinctions modernes (cité/famille), il est une réflexion sur le droit et son rôle dans la compréhension des sociétés. Car la puissance des pères, que Yan Thomas met au cœur de la cité romaine, n’est pas leur cruauté, et le livre ne décrit pas des pratiques sociales.
Le discours juridique est ici le fait de techniciens qui avaient leur mode de pensée propre, entre élaboration de fictions (ainsi du « ventre des mères », morceau de corps transformé en réceptacle de droits qui échappent à ladite mère) et étude des cas limites comme vérification de la justesse du système (ainsi de l’enfant à naître d’un père déjà mort). C’est donc l’autonomie du droit par rapport à la nature que Yan Thomas donne ici à penser. Non pas reflet de la vie, mais norme qui s’interpose entre les individus et eux-mêmes. Rien d’inactuel dans cette efficacité des fictions juridiques, comme le vérifie l’intérêt de Yan Thomas pour le débat qui suivit l’arrêt Perruche (Du droit de ne pas naître, avec Olivier Cayla, Gallimard, 2002).
On regrettera l’absence de précisions sur l’origine de ces chapitres (pour la plupart déjà publiés du vivant de Yan Thomas) et leur lien à l’ouvrage inachevé. Ce statut incertain du livre ne retire rien au « plaisir de savoir » que Yan Thomas savait si bien communiquer à ses auditeurs et lecteurs.
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