La Médecine des désirs

De l’assistance médicale à la procréation sans raison impérieuse à la chirurgie esthétique, la médecine ne répond plus seulement à l’injonction de soulager la douleur. Elle s’accorde à un nouveau monde de désirs, que certains considèrent superflus ou immoraux, car remettant en question les valeurs communes sur la vie, la filiation ou la famille. Sans rejeter cette nouvelle activité médicale, Guillaume Durand, qui se qualifie de « philosophe de terrain à l’hôpital », défend une « médecine des désirs » arrimée à la tradition philosophique de « l’éthique minimale ». Trois principes la définissent : l’indifférence morale du rapport à soi-même, le principe de non-nuisance aux autres et l’égale considération de chacun. La médecine des désirs répond ainsi à la demande d’autonomie, horizon ultime de la relation médicale. Partant de cas concrets -– gestation pour autrui pour raison personnelle, stérilisation pour raison environnementale, annonce d’une intention suicidaire, demande de nympho-plastie… –, le philosophe soutient que « cela devrait être aux seuls individus, dans une démocratie laïque et pluraliste, de décider des fins de leur existence et des moyens pour l’atteindre ». L’éthique minimale n’ouvre pas la voie à un libéralisme égoïste appliqué au champ médical. Elle consiste simplement à accompagner chacun, dans le respect des autres, vers le développement de ses désirs et de ses potentialités propres. Il ne s’agit donc pas de faire des médecins de simples prestataires de services, ni d’accepter, sans réflexion, toutes ces demandes, mais de comprendre que toute demande, même hors norme, peut être le reflet d’une volonté autonome et qu’à ce titre, et sous certaines conditions, il faut pouvoir l’honorer.