La guerre civile mondiale
Une recension de Florence Leray, publié leLa parution de La Guerre civile mondiale relance la polémique française autour de Carl Schmitt. Quelle portée donner à la publication des essais d’un juriste allemand accusé au procès de Nuremberg d’avoir inspiré la politique hitlérienne ? La philosophe Céline Jouin a regroupé et traduit des textes inédits de Carl Schmitt sur le droit international, datant de l’après-guerre. Plusieurs années après l’Allemagne et l’Italie, la France s’intéresse à nouveau au juriste, jadis admiré par Raymond Aron. Le philosophe marxiste Étienne Balibar apprécie sa critique du système libéral. Les libéraux eux-mêmes, le politologue Philippe Raynaud en tête, s’appuient sur ses écrits pour interroger leurs idées. D’où provient cette étrange fascination de nos intellectuels ? C’est lors d’une conférence prononcée à Madrid, en juin 1943, que l’expression « guerre civile mondiale » apparaît. Carl Schmitt désigne ainsi un nouvel ordre mondial. La guerre interétatique n’existe plus ; elle a cédé la place à la guerre de l’ère industrielle. Cette guerre « totale » s’étend hors du domaine militaire : elle est économique (embargos et autres sanctions), technologique (aviation et contrôle des airs) et idéologique (menée au nom de la paix, de la justice ou de la démocratie). Parce qu’ils sont les plus puissants et qu’on réclame leur aide, les États-Unis se sont mis à adopter des mythes « de mission démocratique » issus du messianisme protestant. Mais le juriste allemand ne croit pas aux valeurs universelles : elles ne sont que des masques dont se parent les puissances occidentales pour défendre leurs intérêts. Il n’y a pas de guerre juste. L’histoire n’est pas finie. L’humanité n’est pas réconciliée dans un ultralibéralisme triomphant. Elle sera toujours en guerre.
Carl Schmitt a prophétisé l’existence du nouvel ennemi : le terroriste ou le « partisan », comme il l’appelle, celui qui opère en dehors de toute armée conventionnelle. Un ennemi sans visage et sans nom, que le nouveau droit international est incapable de combattre. Pour Carl Schmitt, le diagnostic est clair : les guerres à venir seront religieuses. Curieuse intuition au regard de la montée des intégrismes d’aujourd’hui.
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