“La Guerre civile”, de Guillaume Barrera
Son ombre est partout. Manifestation anticonfinement aux Pays-Bas ? Le maire d’Eindhoven craint la guerre civile. Le spectre qui préside à la volonté du gouvernement français de faire voter la loi contre le séparatisme ? La guerre civile. Les États-Unis à l’ère post-Trump ? Des observateurs voient revenir le fantôme de la Guerre de sécession (American civil war, en anglais).
La guerre civile est une lutte intestine destructrice, un déchirement révélateur de tensions très profondes au sein d’une communauté politique. Elle est le « pire des maux » pour Pascal. Pour l’historien Tacite, nostalgique de la République romaine qui écrit sous le règne de l’empereur Domitien (51-96), elle reste un moindre mal par rapport à la tyrannie. Elle est enfin une « guerre juste » pour Marx quand elle signe ce moment dialectique négatif et nécessaire qui doit aboutir à un bien plus grand : la fin de l’oppression.
Mais par-delà des typologies philosophiques, de quoi le phénomène de guerre civile, au fond, est-il le nom ? C’est tout l’enjeu du livre La Guerre civile (L’Esprit de la cité, Gallimard, 328 p., 22 €) que vient de faire paraître le philosophe Guillaume Barrera. Quel principe anime les guerres civiles, de la tyrannie des Trente (404 av. J.-C.) – où se joue, pour Barrera, le « grand drame » de la démocratie athénienne – jusqu’aux printemps arabes ?
La réponse tient en un mot : justice. La justice n’est pas une idée abstraite pour Barrera. Elle est une foi profonde qui prend racine en Occident et qui nous pousse à considérer qu’un ordre doit prévaloir, au-delà de la considération de notre personne. Or ce souffle, au gré de deux millénaires d’histoire, a pris une dimension de plus en plus universelle. Jusqu’à devenir un élan façonnant, dans une part croissante du monde, les révoltes humaines. Petit historique.
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