La Grande Expérience. Les démocraties à l’épreuve de la diversité

Une recension de Charles Perragin, publié le

Les démocraties occidentales sont de plus en plus « multiethniques ». Voilà ce que le politologue américain Yascha Mounk nomme « la grande expérience ». Au fond, elle consiste en une remise en cause du modèle européen de l’État-nation né au XVIIIe siècle où la communauté politique se définit par le récit de son homogénéité ethnico-culturelle. Désormais, nous avançons dans l’inconnu, inquiets des perspectives de la radicalisation des mouvements nationalistes ou encore de la fragmentation ethnique avec la multiplication des violences intercommunautaires. En croisant la psychologie sociale, l’histoire et la philosophie, Mounk développe des pistes visant à orienter les individus pour qu’ils « produisent » des démocraties diverses plus justes. Comme celle, étonnante, du « patriotisme culturel ». Partager des idéaux ne suffit pas. Il faut aussi que le cœur s’attache au multiculturalisme par « les petites choses qui forment le quotidien » : des réseaux denses d’associations (comme des chorales) favorisant les « contacts intergroupes » et l’empathie. Ou alors des « baby bonds », des « prêts bébé » avantageux pour qu’un accès plus large à l’éducation casse la reproduction sociale, tout comme la liberté d’entreprendre était naguère censée casser le pouvoir des monopoles capitalistes.

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