La bave du crapaud... : Petit traité de liberté d'expression
Une recension de Catherine Portevin, publié leLa liberté d’expression, tout le monde est pour, mais personne ne s’accorde pour en définir les contours dans des situations particulières – faut-il interdire le négationnisme, la contestation de l’esclavage, la caricature des religions, l’humour antisémite, la pornographie… ? À quoi se mesure un « discours de haine », où commence « l’incitation à la violence », à quelles conditions un discours peut-il être jugé « nuisible à autrui » ? De toutes les libertés individuelles, elle est pourtant la seule à laquelle « il soit demandé d’être excessive », c’est-à-dire de transgresser les normes dominantes, voire les lois, qui l’encadrent : elle est ce qui, « de l’intérieur même du droit, a pour fonction de le remettre en cause », analyse finement Denis Ramond. Mais ce n’est pas seulement en juriste que ce chercheur en sciences et philosophie politiques explore les dilemmes de la liberté d’expression. Avec une clarté et une pondération remarquables, il convoque l’histoire du droit (français et américain) autant que la morale, la logique et les débats d’actualité à la recherche des critères, parfois introuvables, qui peuvent limiter, donc définir, cette valeur si intrinsèquement liée à la démocratie.
Il remarque cependant comment la liberté d’expression, conçue initialement contre les pouvoirs dominants – c’est la figure du philosophe contre l’obscurantisme de l’Église, du dissident contre un régime absolutiste, de la presse contestant les censures de l’État… –, semble avoir changé de bord et s’exercer aujourd’hui du plus fort au plus faible : pouvoir dire tout le mal que l’on pense des Noirs, des musulmans, des femmes, des juifs, des homosexuels est devenu l’un des visages conservateurs de la liberté d’expression.
Visiblement inspiré par les penseurs libéraux (John Stuart Mill, Ronald Dworkin et, surtout, Ruwen Ogien), Denis Ramond examine les arguments méthodiquement, et les contenus selon qui s’exprime, dans quel contexte, avec quelles conséquences. Il interroge ainsi le pouvoir de nuisance que nous accordons aux mots, le rôle de l’État dans la légitimation plus ou moins coercitive des opinions acceptables, la valeur de l’irresponsabilité du fou ou du désir de l’artiste, la différence entre attaquer quelqu’un sur ses préférences ou sur ses appartenances (l’islam est-il l’un ou l’autre ?)… Et il n’oublie pas que l’une des disciplines démocratiques essentielles consiste à devoir écouter, et parfois supporter, la parole d’autrui. Voilà pourquoi les débats sur la liberté d’expression n’ont pas fini de nous occuper.
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