Homo sacer. L'usage des corps

Une recension de Mehdi Belhaj Kacem, publié le

Ce dernier opus du philosophe italien Giorgio Agamben est l’achèvement et la somme de son projet intitulé Homo sacer (l’« homme sacré »), une œuvre considérable, lue et commentée dans le monde entier. Biopolitique, singularité, forme-de-vie, usage, désœuvrement… tous les concepts travaillés dans les nombreux livres publiés jusqu’ici se rassemblent en cohérence. Par-delà les habituelles exégèses érudites, le trait le plus frappant de ce grand livre est qu’on y sent, pour la première fois, affleurer le motif autobiographique, même par procuration. Le livre s’ouvre sur l’un des plus beaux textes jamais écrits sur la personne de Guy Debord. Agamben contribue ainsi, sur son mode singulier, à accomplir la subversion de la tradition philosophique impulsée par Kierkegaard : l’universalisme n’est plus en haut de l’échelle des valeurs métaphysiques, et la singularité, tout en bas. C’est au contraire la singularité pure qui devient la priorité du philosophe moderne. Dès lors, l’enjeu de sa philosophie est de réconcilier avec elle-même la « vie divisée » par les dispositifs monstrueux du pouvoir.

 

Sur le même sujet


Article
5 min
Antony Chanthanakone

Le 2 septembre dernier, l’ancienne assistante dentaire devenue starlette de téléralité Maeva Ghennam a provoqué une polémique en partageant…

Rajeunir toujours plus, le sacerdoce des femmes

Le fil
8 min
Sven Ortoli

Giorgio Parisi, prix Nobel de physique 2021, vient de publier un livre, Comme un vol d’étourneaux (Flammarion). Au menu, petits oiseaux, verres de spin et…

Giorgio Parisi, le Nobel des étourneaux

Article
3 min
Martin Duru

À la Renaissance, la pratique de la dissection devient courante. Expert dans le maniement du scalpel, l’anatomiste André Vésale compose en 1543 une Fabrique du corps humain aux mémorables planches illustrées où se mêlent esthétique…



Article
5 min
Michel Eltchaninoff

Du lever au coucher, notre vie explose en mille activités simultanées. Que s’est-il donc passé depuis dix ans ? Réponses avec le récit d’une journée très ordinaire.


Le fil
3 min
Victorine de Oliveira

« — Apparemment, j’étais dans une situationship…  — Heu… une quoi ? Un dimanche soir un peu maussade de la fin du mois de juillet paraissait…

Sartre et Debord en “situationship”