Décider ensemble. La fabrique de l’obligation collective

Une recension de Ariane Nicolas, publié le

Comment bien prendre une décision collective ? Cette question éminemment politique paraît rebattue depuis l’Antiquité, et pourtant, le sociologue Philippe Urfalino lui donne une actualité nouvelle dans un livre à la fois technique et inspiré. Selon lui, une décision collective ne peut se réduire ni à un vote ni à un agrégat de préférences – chose que les économistes ont tendance à faire, comme avec la « théorie du choix social ». « Décider ensemble » suppose d’abord d’obéir à des normes partagées par les membres du groupe, que Philippe Urfalino nomme « règles d’arrêt ». À l’aide d’exemples variés (la « palabre », le choix d’une pizza…), Urfalino en distingue trois, scrutant tour à tour leur efficacité et leur équité. Si la majorité absolue reste d’après lui « la règle préférable », il n’est pas sûr que nous en fassions toujours bon usage. Notamment car « l’obligation majoritaire ne vaut que pour les décisions qui ne divisent pas une communauté au point de la dissoudre ». Sur des sujets sensibles pouvant modifier l’identité du collectif, « un assentiment plus large » est jugé nécessaire. Une réflexion salutaire au moment où, par exemple, l’exécutif entend modifier la Constitution par référendum. Et s’il fallait inventer d’autres voies ?

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