Chronos. L’Occident aux prises avec le Temps

Une recension de Catherine Portevin, publié le

Plus que le temps lui-même, ce sont en effet les transformations de notre rapport au temps qui intéressent François Hartog. Dans Régimes d’historicité. Présentismes et expériences du temps (2003), l’historien avait distingué différentes manières de vivre la temporalité : celle des chrétiens qui se tiennent dans l’attente de l’événement du Jugement dernier, celle des partisans du progrès qui croient en un avenir meilleur et celle de nos sociétés occidentales, engluées dans un présent omniprésent, ce qui les empêche de se projeter dans l’avenir ou de prendre du recul vis-à-vis du passé – le « présentisme ». Hartog infléchit ici cet état des lieux en interpellant avec une certaine grandiloquence Chronos, dieu grec du temps et du destin. Selon l’historien, l’Anthropocène introduirait un régime d’historicité inédit qui bouleverse notre économie du temps, non seulement parce que celui-ci se met à échapper à notre maîtrise mais parce qu’il est marqué par la réintroduction d’une perspective d’avenir… sous la forme d’une catastrophe annoncée : l’effondrement. Fin de l’histoire ? Au contraire, faisant éclater la bulle du présentisme, la catastrophe anthropocénique ouvre une réflexion nouvelle sur le temps long, l’évolution et nos choix de civilisation.

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