Autour du Monde
Une recension de Catherine Portevin, publié leUnité de temps : le 11 mars 2011, la catastrophe de Fukushima au Japon est retransmise en direct sur tous les écrans. Cet événement est le fil qui relie malgré eux les personnages de Laurent Mauvignier, en les rendant exactement contemporains, partageant le même monde ébranlé qui rencontre en miroir leurs petits ou grands tumultes intérieurs. Comme une métaphore de la mondialisation, le tsunami télévisé déferle en fondu enchaîné sur ades dépaysés : un jeune Mexicain au Japon, un père et sa fille russes en croisière en mer du Nord, des Turcs en vacances aux Bahamas, une Chilienne en quête de ses origines à Tel Aviv, un businessman malais qui drague à Moscou, de riches Américains en safari en Tanzanie, des Espagnols attaqués par des pirates dans le golfe d’Aden, deux vieux Italiens qui veulent jouer leur maigre pension dans un casino slovène, une famille japonaise à Paris qui ne pourra pas revenir chez elle, à Fukushima… Comme souvent chez le romancier, le point focal se disperse en singularités multiples : un repas d’anniversaire (Des hommes), la mort du personnage principal (Loin d’eux), le drame du stade du Heysel (Dans la foule)… chaque fois l’événement commun se complexifie dans les destins, les voix, les vies, qui renvoient chacun à sa solitude. Le pari de Mauvignier peut sembler un peu artificiel ; il tient par l’écriture, qui nous plonge en quelques mots dans une histoire, nous attache aux personnages, puis nous en délie, au détour incongru d’une phrase qui nous relance dans un nouveau voyage, et ainsi de suite, « autour du monde ». Au-delà du procédé, Mauvignier raconte la frustration essentielle qui accompagne l’ambition de saisir le réel dans sa globalité. Et il met en scène la condition cosmopolite ordinaire engendrée par l’irrépressible mobilité humaine, que le sociologue Zygmunt Bauman partage entre « touristes » et « vagabonds » : les premiers sont chez eux partout, les seconds, chez eux nulle part. Mauvignier met en perspective ce regard touristique, qui surfe sur le monde sans le voir, dans sa brutalité parfois, dans sa liberté aussi, et souvent dans son désarroi : « derrière le masque du dépaysement, l’arrière-pays mental de nos terreurs ». Tandis que, dans un hôtel de luxe de Dubai, Monsieur Arroyo, un serviteur philippin, vit « à l’ombre de cette minorité heureuse » tout en sachant qu’« aucun paradis ne vaut un chez-soi ».
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Question de Pierre Renard.