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Laurent Mauvignier, Antonia S. Byatt et Antoine Compagnon. © Wikimedia Commons ; Jérôme Mars/JDD/Sipa ; Wikimedia Commons.

Les art. Littérature

Mauvignier, Byatt, Compagon. Le roman, un genre fatigué ?

Antonia S. Byatt, Antoine Compagnon, Laurent Mauvignier, propos recueillis par Alexandre Lacroix publié le 25 août 2010 11 min

Où en est l’art du roman ? Se renouvelle-t-il ou se répète-t-il ? Pourquoi continuer à en écrire ou à en lire ? Réunis aux 4e Assises internationales du roman, à Lyon, en mai dernier, les écrivains britannique Antonia S. Byatt et français Laurent Mauvignier, ainsi qu’Antoine Compagnon, professeur de littérature contemporaine, tentent d’apporter des réponses à ces questions délicates.

Moribonde, la fiction ? À l’heure où plus de 700 nouveaux romans déboulent en librairies, la question peut sembler malvenue. Et pourtant… À chaque époque, son genre de prédilection, et le roman a peut-être fait son temps. La poésie tenait le haut du pavé à la Renaissance, avec Ronsard ou du Bellay. Le théâtre a triomphé à l’Âge classique, porté par les tragédies de Racine ou de Shakespeare. Le roman, lui, s’est imposé comme un genre majeur au XIXe siècle, grâce aux plumes de Dickens, de Balzac, de Flaubert… On ne compte pas les génies romanesques qui ont éclos entre la parution de Notre-Dame de Paris, de Hugo, en 1831, et celle du Vieil Homme et la mer, de Hemingway, en 1952 : Proust, Joyce, Musil, Faulkner, Céline… La Russie tout entière s’est identifiée aux fresques de Tolstoï et de Dostoïevski ; le rêve américain est né chez Dos Passos.

Et de nos jours ? Il se pourrait que le roman soit entré dans une phase de latence. La littérature semble chercher un nouveau genre d’élection et ne plus guère innover dans celui-ci. Dans son dernier cours au Collège de France en 1980, Barthes se déclarait partisan d’un « optimisme sans progressisme » et souhaitait l’avènement d’une nouvelle forme littéraire, entre roman et essai… Vingt-cinq ans plus tard, dans sa leçon inaugurale au Collège de France, Antoine Compagnon reprenait à son compte cette inquiétude : « Après la question traditionnelle “Qu’est-ce que la littérature ?”, question théorique ou historique, se pose plus sérieusement la question critique et politique : “Que peut la littérature ?” Autrement dit : “La littérature, pour quoi faire ?” »

 

Antonia S. Byatt : Le roman n’est rien d’autre qu’une nouvelle variante de l’art de raconter des histoires. Et la narration est une activité humaine très ancienne, plus encore que l’invention de l’écriture. On peut lire les épopées de l’Antiquité comme des romans, de même que Dante ou Lao-Tseu sont pour moi des romanciers. Nul homme ne peut vivre sans mettre le monde en récits. Par ailleurs, la forme du roman est ouverte : il existe des romans en prose, dialogués, par lettres ou en vers ; c’est pourquoi cette forme est fluide, tandis que celles qui ont disparu – comme le sonnet – étaient plus rigides, plus contraignantes.

D’autre part, ce sont les critiques qui affirment que le roman est fatigué. De fait, cette question est indissociable de la relation entre critiques et écrivains. Lorsque j’ai interwievé Nathalie Sarraute sur la BBC, elle a déclaré : « Aujourd’hui, on ne peut plus décrire des boutons comme le faisait Honoré de Balzac, avecle même sens du détail ! » Quand je l’ai entendu dire cela, je me suis dit : « Eh bien, puisque c’est ainsi, je vais décrire des centaines, des milliers de boutons ! »
Le département littéraire était alors dominé par le grand critique F. R. Leavis. Reprenant à son compte une expression de D. H. Lawrence, Leavis soutenait que le roman était « The One Bright Book of Life »,
«
 le livre unique et lumineux de la vie ». Il s’en faisait une idée si élevée… que pas un seul romancier n’est sorti de son cours. Il a traumatisé la plupart de ses étudiants, les a convaincus que nul n’était de taille à se mesurer à un genre aussi difficile. Cependant, si vous oubliez les oukases de ces grands intellectuels critiques et que vous vous intéressez au roman contemporain, vous verrez qu’avec des auteurs comme J. M. Coetzee, W. G. Sebald ou encore Patrick White, le genre se porte bien.

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Article issu du magazine n°42 août 2010 Lire en ligne
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