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Bac philo 2021

Corrigés du bac philo – filière technologique : “Savoir, est-ce ne rien croire ?”

Mathias Roux publié le 17 juin 2021 5 min

Tout oppose, en apparence, la croyance et le savoir : la première est une conviction non raisonnée, le second doit s’appuyer sur des preuves et des démonstrations. Il y a pourtant, dans toute forme de savoir, de la croyance – des choses que nous tenons pour acquises sans avoir pu les vérifier. Pour résoudre ce paradoxe, proposé comme sujet de dissertation aux élèves de terminale de la filière technologique, le professeur agrégé de philosophie Mathias Roux propose de voir l’histoire de la vérité comme une incessante remise en question de ce que nous tenons pour vrai.

 

Proposition de correction : il s’agit ici de pistes possibles de traitement du sujet et non de la copie-type attendue par les correcteurs !

 

  • Notion du programme : la vérité
  • Repères utiles du programme pour traiter le sujet : croire / savoir, objectif / subjectif / intersubjectif, vrai / probable / certain, hypothèse / conséquence / conclusion

Introduction / Problématisation

Le savoir et la croyance sont a priori peu compatibles. Posséder une connaissance, c’est être en capacité d’en démontrer ou d’en prouver le bien-fondé et la vérité. À l’inverse, croire en quelque chose suppose qu’il n’est pas possible d’absolument justifier par des raisons ou des preuves ce que l’on affirme. La croyance implique qu’on assume que notre jugement ou notre prise de position repose en partie sur une conviction, une intuition qu’on ne peut pas objectivement fonder.

Cependant, cette opposition entre savoir et croyance n’est pas aussi établie et ferme qu’on ne le pense à première vue. En effet, si l’on définit le savoir comme la connaissance fondée au point de provoquer une certitude absolue imperméable au moindre doute, alors force est de constater qu’un tel savoir n’existe pas. De même, il existe des croyances qui sont assimilables à des savoirs car, même si elles ne reposent pas sur démonstrations complètes ou des preuves irréfutables, elles possèdent néanmoins un caractère objectif qui en rend le contenu très probable, à défaut d’être absolument certain. Ainsi faut-il envisager que le savoir comporte une part de croyance. Au delà de cette question, il faut se demander si cette possibilité est de nature à discréditer le savoir. Si savoir, c’est aussi croire, tout n’est-il alors que croyance ?

Première partie / Le savoir exclut la croyance

Le modèle du savoir objectif est la science qui se caractérise par la recherche de la preuve ou de la démonstration. Dans les deux cas, démontrer (en mathématiques par exemple) et prouver (en sciences physiques) revient à justifier une thèse (affirmation) par des raisons. Quand je soutiens une thèse sur la composition de la matière, par exemple, ce n’est pas à proprement parler moi qui le fais, mais des preuves dont je ne suis que le transmetteur. 

À l’inverse, la croyance suppose toujours une implication du sujet dans son affirmation. Croire en l’existence d’extraterrestres, c’est faire ultimement reposer son avis sur un sentiment, une impression, une intuition qu’il existe d’autres formes de vie dans l’univers. Même si je peux m’appuyer sur des données scientifiques, elles ne sont pas suffisamment complètes pour justifier ma thèse. Autrement dit, je suis obligé de compenser l’écart qui, en l’absence de preuve me sépare de la certitude, par une sorte de saut de mon esprit qui me fait adhérer à l’idée de l’existence d’extraterrestres. 

Deuxième partie / Le savoir inclut des formes de croyance

Mais notre définition du savoir ne fait-elle pas la part trop belle aux sciences dites dures sans prendre en compte d’autres formes de connaissances qui, bien que relevant d’autres modalités de preuve et de validation, sont légitimes à recevoir le nom de savoirs ? Qu’on pense aux sciences humaines et sociales en général, et à l’histoire en particulier. Certes, l’historien ne peut prouver par A+B ou par la présence de traces génétiques que César a bien franchi le Rubicon, mais il s’appuie sur des témoignages de l’époque, des documents historiques, des traces archéologiques qui rendent son travail objectif. Néanmoins, celui-ci comportera toujours une part de croyance au sens défini plus haut car, par exemple, il ne peut pas prouver définitivement la valeur d’un témoignage. Un faisceau d’indices concernant sa validité atteste de sa valeur de vérité mais il subsistera toujours un doute. Doute pouvant être levé par le progrès même de la science historique.

Dans les sciences physiques, aucune théorie n’est jamais définitivement ni absolument considérée comme vraie. Elle l’est tant qu’aucun fait nouveau, aucune découverte ne sont venus la contredire. Pour autant, le savant qui l’adopte et l’utilise fait comme si elle l’était. Autrement dit, faire de la science suppose une forme de croyance dans les pouvoirs de la science comme le formulait bien Nietzsche. 

Troisième partie / L’homme est capable d’accéder à la vérité même en l’absence d’un savoir absolu

Les constats opérés ne doivent pas nous pousser à considérer que, parce que la croyance est constitutive de l’acte même de connaître, les savoirs accumulés par les hommes au cours de leur histoire ne sont que des croyances un peu plus élaborées que la moyenne.

En effet, tout savoir repose à tout le moins sur un ou plusieurs axiomes, qui constituent la condition de possibilité même de toute réflexion. Depuis Euclide, les axiomes sont des principes unanimement considérés comme évidents, qui n’ont donc pas à être démontrés pour être acceptés comme vrais. De ce point de vue, l’on peut considérer que tout l’édifice du savoir humain repose sur un ensemble de croyances partagées. Sans une base de vérités considérées par tous comme absolues, c’est-à-dire évidentes en elles-mêmes (par exemple, l’idée que le monde existe indépendamment de moi, et qu’il s’y déploie certains phénomènes observables que je peux analyser, puisqu’il est acquis que ceux-ci ne sont ni fictifs, ni des frasques de mon esprit), aucune proposition ne pourrait jamais s’élaborer.

La valeur de vérité et d’objectivité de la science reste inchangée à considérer ainsi les choses. Mieux, la croyance comporte toujours une part de doute (croire, c’est aussi nécessairement douter de ce en quoi l’on croit). Or, toujours faire une place au doute est l’une des principales garanties de l’objectivité que recherche tout scientifique digne de ce nom.

Conclusion

Nous venons de le voir : le savoir fait nécessairement place à la croyance. Pour finir, nous pourrions ajouter une remarque concernant le rapport entre le savoir et cette forme particulière de croyance qu’est la foi. 

La foi religieuse se nourrit du sentiment exclusif du croyant. Elle est une adhésion subjective exigeant de rencontrer intimement la présence de Dieu en soi. De ce point de vue, le savoir et la foi sont incompatibles s’ils portent sur les mêmes objets. Par exemple l’existence de Dieu : je ne peux pas savoir qu’Il existe, je peux seulement le croire. Si je pouvais démontrer l’existence de Dieu, je n’aurais plus besoin de croire qu’il existe puisque je le saurais. Néanmoins, ce rappel montre également qu’on peut tout à fait être à la fois savant et croyant, et qu’être un scientifique n’implique pas nécessairement qu’on ne croie en rien au sens religieux du terme. En effet, certains savants sont aussi de grands croyants. Savoir n’est donc ni ne rien croire, ni ne croire en rien. 

 

 


 

Retrouvez l'ensemble des corrigés de l’épreuve du Bac philo 2021 :

➤ Filières générales :

  1. Discuter, est-ce renoncer à la violence ?

  2. L’inconscient échappe-t-il à toute forme de connaissance ?

  3. Sommes-nous responsables de l’avenir ?

  4. Commentaire de texte : De la division du travail social (1893) d’Émile Durkheim.

➤ Filière technologiques :

  1. Est-il toujours injuste de désobéir aux lois ?

  2. Savoir, est-ce ne rien croire ?

  3. La technique nous libère-t-elle de la nature ?

  4. Commentaire de texte : Le poète et l’activité de fantaisie (1907), de Sigmund Freud.

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