Yves Michaud : “De Staël voit, mais ne sent pas”
Alors qu’une exposition consacrée à Nicolas de Staël vient d’ouvrir au musée d’Art moderne de la ville de Paris, nous l’avons visitée avec le philosophe Yves Michaud, spécialiste d’esthétique.
Qu’avez-vous pensé de cette exposition consacrée à Nicolas de Staël ?
Yves Michaud : Elle m’a intéressé et interloqué.
Pourquoi ?
La fin du parcours et la production du peintre à partir de 1953, deux ans avant sa mort, m’ont paru absolument calamiteuses. C’est une découverte. On se dit qu’il ne sait pas quelle couleur utiliser. Autant il est plutôt convaincant quand il peint les paysages de la région parisienne, quand il se cantonne aux couleurs nordiques, autant on se dit qu’il n’est pas fait pour la lumière éclatante du Midi, pour les paysages de la Côte d’Azur, alors qu’il s’installe à Ménerbes (84) puis Antibes (06) à la fin de sa vie. Ensuite, l’exposition met en évidence les influences dont De Staël (1913-1955) s’imprègne à ses débuts : Georges Braque (1882-1963), dont il a été l’ami, et Hans Hartung (1904-1989). L’autre influence manifeste, me semble-t-il, est celle de Jean-Paul Riopelle (1923-2002), et sa peinture au couteau. Pendant longtemps, De Staël empâte avec des pinceaux chargés puis, le jour où il utilise un couteau, tout s’améliore. Or c’était précisément la force immense de Riopelle dans ces années 1950. En revanche, il y a chez ce dernier une pulsation et un sentiment de la nature que je n’ai pas retrouvés chez De Staël.
C’est un peintre de l’agencement des volumes, mais lorsqu’il peint au couteau, la toile paraît faite non seulement pour la vue mais aussi pour le toucher.
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