Y a-t-il une pensée alter ? 

Émilie Chapuis publié le 5 min

« Un autre monde est possible », tel est le slogan des altermondialistes. Mais qui sont-ils ? De quelles philosophies se réclament-ils ? Cartographie, en France, d’une appellation non contrôlée.

« Nos têtes ont été bourrées de néolibéralisme, ce virus est dans les cellules de nos cerveaux, et il faut les désintoxiquer. » La métaphore est de Bernard Cassen, directeur général du Monde diplomatique et conseiller scientifique d’Attac (Association pour la taxation des transactions pour l’aide aux citoyens). Tout le mouvement altermondialiste est d’accord : le néolibéralisme est une théorie autoréalisatrice. Parce qu’elle est dans les têtes, elle se répand dans le monde. Dès lors, le remède à sa propagation ne peut être que philosophique : il faut trouver le moyen de penser la société autrement. Les sociologues et philosophes, Pierre Bourdieu, Daniel Bensaïd, Antonio Negri, Alain Caillé, sont quelques-unes des figures porteuses de cette réflexion antilibérale, où personne n’est vraiment d’accord, mais où tout le monde débat. Quatre grandes tendances se distinguent, chacune avec un philosophe de référence.

« Ce n’est pas Marx qui est à la mode, c’est le monde qui est au rendez-vous de Marx ! » lance Daniel Bensaïd. Selon lui, l’économiste allemand, parce qu’il a été l’observateur le plus lucide de la première mondialisation, reste indispensable pour comprendre celle d’aujourd’hui. L’actuel dirigeant de la LCR (Ligue communiste révolutionnaire) est par ailleurs attaché à l’idée que toute réalité s’explique par un rapport de force. Pour Marx, le capitalisme ne pouvait que s’autodétruire en raison du déséquilibre entre les possédants, les « capitalistes », et les ouvriers, les « prolétaires ». S’inscrivant dans cette vision, les altermondialistes considèrent qu’il faut commencer par changer l’organisation économique et politique de la société. Jacques Nikonoff, actuel président d’Attac France, écrivait, en mai 2004, dans Le Monde diplomatique : « La mondialisation [...] est un choix stratégique, effectué progressivement, après 1968, et visant à rediscipliner le salariat des pays occidentaux par le chômage, et les peuples des pays pauvres par la dette. »

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