“C’était mieux avant…” L’utopie à l’envers
La nostalgie est parfois magnifique. Mais, méfions-nous de ceux qui font du passé une utopie perdue : ils ne valent pas mieux que ceux qui croient aux lendemains qui chantent.
Il est cousin du « tout se perd » et le credo des mécontents, le sentiment crépusculaire que « c’était mieux avant ». Si ceux qui l’affirment se contentaient, en disant cela, de faire valoir qu’on ne saurait (sans imprudence) faire du passé table rase, que la mémoire est indispensable à l’action, ou que les arbres poussent plus haut quand leurs racines sont plus profondes, il n’y aurait rien à dire. Quand le regret sert de scalpel au dissecteur de son époque, quand la nostalgie tempère les méfaits de l’enthousiasme, quand l’inavouable dépit d’avoir perdu ses privilèges prend la forme, comme chez Tocqueville, d’une extrême vigilance à l’égard des pathologies de la démocratie, il faut se réjouir d’une amertume si féconde.
Mais une chose est de rappeler, en héritier, qu’un présent amnésique tourne sur lui-même et stagne à toute vitesse au lieu d’aller quelque part, tout autre est de dire que « c’était mieux avant » et de vivre, en conservateur, le présent comme une décadence. On a raison de mettre en garde contre l’oubli du passé. Mais on a tort de tenir son temps pour la seule négation du précédent. Car à l’acrimonie qui ouvre le regard succèdent les œillères du ressentiment. Aux mélancoliques dont la mémoire est un outil de compréhension se substituent les acariâtres dont le regret sert de bannière, qui voient la mort du livre dans l’hyper-présence des écrans, comme leurs ancêtres tenaient l’invention de l’imprimerie pour la fin de l’écriture cursive, et les ancêtres de leurs ancêtres prédisaient à l’inventeur de l’alphabet qu’il tuerait la parole vivante…
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