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Une supportrice de Donald Trump embrasse le portrait du président américain tenu par une autre électrice républicaine, à Westlake Village (Californie), le 23 octobre 2020. © Jae C. Hong/AP/SIPA

Élections américaines

Y a-t-il un “vote des femmes” aux États-Unis ?

Jean-Marie Pottier publié le 02 novembre 2020 4 min

Si jamais Joe Biden devient mardi le 46e président des États-Unis, il sera apparemment davantage celui des femmes que des hommes. Crédité d’une avance substantielle par les sondages nationaux (même si, rappelons-le, l’élection se joue dans un collège électoral élu au niveau des États), il est généralement donné au coude à coude avec Donald Trump dans l’électorat masculin, mais loin devant dans l’électorat féminin. 

Cent ans après l’élargissement du droit de vote à l’ensemble des Américaines, effectif en novembre 1920, ce constat brut pourrait laisser croire à l’existence d’un « vote féminin » ou d’un « bloc féminin ». Un fantasme pourtant démenti par un examen plus profond de cet électorat tout aussi divisé que les hommes. 

C’est notamment le cas pour une sous-catégorie, les femmes blanches, « le segment électoral le plus clivé » de la politique américaine, écrivait cet été dans la revue Democracy Julie Kohler, une chercheuse associée du National Women’s Law Center. Le plus clivé, et donc l’un des plus disputés et convoités...

  • Durant leurs premières décennies d’électrices, les Américaines s’abstiennent davantage, et leur vote, quand il se distingue de celui des hommes, penche souvent un peu plus en faveur des républicains. En 1976, quand Jimmy Carter bat Gerald Ford de justesse, hommes et femmes votent de manière identique. Quatre ans plus tard, un autre paysage émerge : les femmes votent beaucoup plus nettement que les hommes en faveur du président démocrate sortant, et les hommes en faveur du vainqueur Ronald Reagan. Un basculement qui coïncide avec le poids croissant de la droite évangélique dans le parti républicain et un débat de plus en plus acharné autour du droit à l’avortement. 
  • On parle depuis d’un gender gap de la politique américaine, qui a atteint un niveau record lors de la réélection en 1996 de Bill Clinton, crédité de 11 points de plus chez les femmes. Un fossé qui s’est confirmé, sans vraiment se creuser, en 2016 à l’occasion de la défaite de Hillary Clinton, comme en 2018 lors de la victoire des démocrates lors des élections de mi-mandat.
  • Il y a quatre ans, ce résultat avait pu surprendre, presque décevoir : comment un candidat qui était allé jusqu’à affirmer que les femmes qui avaient recours à l’IVG devaient être « punies » et s’était vanté d’« attraper les femmes par la chatte » pouvait encore recueillir plus de 40 % des suffrages féminins ? Un autre chiffre, plus récent, symbolise bien la complexité de la question : pas moins de 47 % des femmes sondées (et, certes, encore plus d’hommes) ont approuvé la nomination de Amy Coney Barrett comme juge de la Cour suprême. Celle-ci est à la fois seulement la cinquième femme à intégrer la prestigieuse institution (en remplacement d’une autre, Ruth Bader Ginsburg, morte en septembre), mais aussi le symbole d’un virage conservateur qui pourrait menacer le droit à l’avortement.
  • Au moment de l’octroi du droit de vote en 1920, certains avaient brièvement cru (voire craint) à l’émergence d’un « bloc des femmes » susceptible de dominer les élections. Une croyance qui a ressurgi dans les années 1980 avec l’apparition du gender gap. En 1984, l’ancienne représentante de New York et figure majeure du féminisme américain Bella Abzug (qu’on a récemment vue interprétée de manière truculente dans la mini-série Mrs. America) en traçait la perspective dans un livre : « Les femmes sont maintenant sur le point d’obtenir plus de pouvoir politique qu’elles n’en ont jamais eu. Un rêve qui peut devenir réalité si elles convertissent leurs convictions et leur vote en une force électorale et politique organisée. Ce bloc est déjà en train d’émerger avec l’apparition d’un gender gap lors des [dernières] élections. »
  • Le gap a persisté, mais le bloc ne s’est pas constitué. Si un nouveau bloc électoral a récemment émergé aux États-Unis, c’est plutôt celui de la classe populaire blanche, femmes et hommes confondus, qui a voté au canon pour Trump en 2016. Plus largement, si l’on découpe l’électorat de 2016 suivant deux des critères les plus utilisés (genre, couleur de peau), on trouve au moins 30 points d’écart entre les deux candidats, dans un sens ou dans l’autre, dans toutes les catégories : les femmes noires, par exemple, votaient Clinton à 98 % ! Une seule catégorie échappe à ce paysage binaire : les femmes blanches, qui ont voté à 45 % Clinton et à 47 % Trump. Celles-ci représentent le plus gros bloc de l’électorat américain mais, selon Julie Kohler, aussi le plus clivé : « Leur comportement de vote se distingue selon des clivages religieux, éducatifs et maritaux. » 
  • Ce n’est pas un hasard, d’ailleurs, si elles sont aussi fréquemment étiquetées et ciblées, parfois caricaturées, lors des scrutins présidentiels. En 1996, ce furent les célèbres soccer moms des classes moyennes, qui firent pencher la balance vers Bill Clinton. En 2004, en pleine guerre d’Irak, il s’agissait des security moms, supposées avoir aidé George W. Bush à réduire l’écart dans l’électorat féminin. Cette année, on les a parfois qualifiées de Zoom moms ou de rage moms, épuisées par la gestion de la pandémie et par les outrances de Donald Trump. Mais c’est le plus général suburban moms, les « mamans des banlieues résidentielles », qui s’est imposé. Y compris dans la bouche de Donald Trump, qui, sur le point de les perdre, les a suppliées, dans son style inimitable, lors d’un meeting : « Suburban women, would you please like me ? » 
  • Car si on ne peut pas généraliser sur un vote « des » femmes, « ces » femmes des banlieues contribueront sans doute de manière substantielle à son éventuelle défaite. Une fraction importante d’entre elles avaient déjà basculé du côté démocrate, fin 2018, lors de leur victoire aux élections de mi-mandat.
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