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Paris, le 7 novembre 2023. Emmanuel Macron assiste à la relève de la garde au palais de l’Élysée. © Jacques Witt/Sipa

Rituels

Vous avez dit tradition républicaine ?

Yasmine Khiat publié le 16 novembre 2023 3 min

Emmanuel Macron a rétabli la relève de la garde devant l’Élysée, au nom des traditions républicaines. Mais d’où vient cette notion étrange, alors que la République s’est longtemps opposée aux traditions ? Éléments de réponse.

 

  • Non, vous ne rêvez pas, vous n’êtes pas à Londres devant le Buckingham Palace, mais bien à Paris. Depuis le 7 novembre 2023, la cérémonie de la relève de la garde républicaine est de nouveau ouverte au public : deux sections de seize militaires défilent le long du palais de l’Élysée. Abandonnée en 1996, comment expliquer la volonté d’Emmanuel Macron de renouer aujourd’hui avec cette tradition perdue ? Et surtout, d’où vient ce terme étrange, alors que la République est censée abattre les vieilles traditions de l’Ancien Régime ?
  • Aujourd’hui, afficher le portrait officiel du président dans les mairies, prononcer des vœux présidentiels ou accueillir les chefs de partis, tout cela fait partie de cet ensemble un peu fourre-tout de traditions dites républicaines. Pourtant, la tradition et la République ont longtemps été considérées comme des opposés. La République, inaugurée par la Révolution française, est née en rupture avec la tradition et a voulu faire table rase du passé. Elle a rebaptisé octobre et novembre en vendémiaire et brumaire, remplacé les prénoms Thomas ou Marie par Opinion ou Menthe, renommé les places et les rues… Elle a lutté de toutes ses forces contre les vieilles traditions religieuses ou aristocratiques.
  • Pourtant, dans les années 1880, Pierre Waldeck-Rousseau (1846-1904), ministre de Gambetta et de Jules Ferry, est le premier homme d’État à revendiquer la fidélité au passé et l’importance de la tradition républicaine. C’est dans le contexte de la Troisième République que la philosophe et historienne spécialiste de la Révolution française Mona Ozouf situe le concept de tradition républicaine. Après des décennies d’affrontements, de guerres et de révolutions, la Troisième République est « née d’un compromis entre conservateurs et républicains » (Composition française, 2015). Elle évoque la position de Jules Ferry, père de l’école républicaine : « Là se situe la réussite de Ferry. Il cherche à persuader les Français que République n’est pas synonyme de Terreur. Il veut faire comprendre qu’on peut être républicain sans ramener l’entraînement révolutionnaire dans la politique française ; sans partager les illusions de l’homme nouveau et de la table rase ; sans nourrir l’hostilité à la tradition ; sans exalter la rupture avec le passé. » La République, après un siècle d’existence, se montre donc capable de « célébrer le travail des siècles », d’accueillir les traditions et surtout d’en créer de nouvelles, proprement républicaines. L’historienne voit en elles « un précieux héritage ».
  • Ressusciter la relève de la garde républicaine participe également de la création d’une mémoire. Pour l’historien Pierre Nora, de telles cérémonies représentent des « lieux de mémoire » (titre de son ouvrage paru en 1984) qui permettent de renforcer le sentiment d’identité de la nation. « Ce n’est que dans la mémoire que l’histoire nationale comprend sa propre continuité », affirme-t-il. « La France est sa propre mémoire, ou n’est pas », poursuit l’auteur, pour qui la durée est synonyme de pérennité. Restaurer cette tradition républicaine vise à maintenir un imaginaire républicain et renforce dans l’esprit des Français le projet de vivre ensemble : « Dans le trouble que connaît actuellement l’identité nationale et l’ébranlement de ses repères, la mise en valeur de son patrimoine mémoriel est la condition première du réajustement de son image », écrit encore Nora.
  • Mais si le président de la République s’attache aux traditions républicaines et veut les remettre au goût du jour, force est de constater qu’elles sont loin de susciter l’unanimité. Emmanuel Macron, qui célèbre la chasse ou a fêté sa première victoire au Louvre, adresse également des clins d’œil aux traditions de l’Ancien Régime. À l’heure où une partie des Français souhaite changer de constitution et passer à une sixième République, plus démocratique, on a l’impression que dans le subtil équilibre entre République et tradition, Emmanuel Macron renforce plutôt la seconde.
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