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Le dispositif de vote par préférence a déjà été testé dans l’État du Maine, lors des élections de mi-mandat en novembre 2018, comme dans ce bureau de Mechanic Falls. © AP Photo/Robert F. Bukaty/Sipa

Présidentielle américaine

Une élection n’est-elle qu’affaire de premier choix ?

Jean-Marie Pottier publié le 15 septembre 2020 3 min

Le 3 novembre, un million d’électeurs du Maine, l’un des plus petits États américains, auront le choix sans l’embarras : plutôt que voter pour un seul candidat à la Maison-Blanche, ils pourront, pour la première fois, en retenir plusieurs par ordre de préférence. Voter, par exemple, pour l’écologiste Howie Hawkins, puis pour Joe Biden en deuxième choix ; ou bien pour la libertarienne Jo Jorgensen, puis pour le candidat du Parti de la réforme Rocky De La Fuente en second choix et pour Donald Trump en troisième choix. Là où les autres États américains se prononcent à la majorité relative, dans le Maine, si aucun candidat n’obtient la majorité absolue des « premiers choix », les voix des candidats arrivés les derniers seront progressivement transférées au second ou au troisième choix correspondant jusqu’à ce qu’un candidat dépasse 50 %. Cette procédure, connue sous le nom de « vote alternatif », tente de répondre à une interrogation électorale sur laquelle ont planché de nombreux mathématiciens et philosophes, comme le Français Nicolas Condorcet (1743-1794) : qu’est-ce qu’un résultat « juste », et comment y aboutir ?

Déjà testé dans le Maine lors des élections de mi-mandat de 2018, ce dispositif de « vote alternatif » avait permis à un candidat démocrate, pourtant arrivé juste derrière le républicain dans les premiers choix (45,6 % contre 46,3 %) de remporter un siège à la Chambre des représentants avec un peu plus de 50,6 % des voix, au grand dam du gouverneur républicain de l’État, qui avait jugé l’élection « volée ». Un scénario à rebondissement qui pourrait se répéter cette année et valoir à Joe Biden un grand électeur supplémentaire, potentiellement décisif si lui et Trump sont au coude à coude au sein du collège électoral.

Aucun système électoral n’est neutre : ils façonnent l’offre électorale et les résultats, et n’aboutissent pas forcément à la victoire du candidat le plus populaire ou consensuel. En 2000, il avait ainsi manqué moins de 600 voix en Floride au vice-président démocrate Al Gore pour être élu président plutôt que George W. Bush, alors que le candidat écologiste Ralph Nader en avait recueilli près de 100 000, qui penchaient probablement plus pour Gore que pour Bush. En 2002, Lionel Jospin avait échoué à se qualifier pour le second tour de la présidentielle face à Jacques Chirac alors que plusieurs sondages l’avaient donné vainqueur face à lui et qu’il aurait certainement lui aussi battu en duel le second qualifié, Jean-Marie Le Pen.

Cette limite du système classique « un choix par électeur » a été théorisée à la veille de la Révolution française par Condorcet : comme il l’écrit en 1788 dans son Essai sur la Constitution et les fonctions des Assemblées provinciales, « s’il y a plus de deux concurrents et qu’aucun n’ait plus de la moitié des voix, le résultat de [l’]élection peut très bien ne pas exprimer le voeu de la pluralité » car « le voeu de chaque électeur n’[est] pas complet ». Il préconisait donc que les électeurs classent tous les candidats par ordre de préférence, comme le feront les électeurs du Maine ; mais, plutôt que transférer progressivement les voix des candidats éliminés, qu’on se serve ensuite de ces classements pour calculer le résultat de tous les duels possibles entre deux candidats. 

Le candidat qui serait systématiquement préféré aux autres en duel est ce qu’on appelle aujourd’hui un « vainqueur de Condorcet ». Une procédure complexe qui ouvre, soulignait le penseur, la possibilité de scénarios étonnants. Une élection peut en effet se terminer sans gagnant : c’est le « paradoxe de Condorcet », qui force à se rabattre sur une méthode de désignation moins ambitieuse. Elle peut, à l’inverse, aboutir à l’élection d’un candidat qui battrait tous les autres en duel mais ne recueillerait « aucune des voix dans le premier scrutin ». Un scénario extrême qui ne se produira pas dans le Maine en novembre : si le système retenu ouvre la possibilité que le candidat arrivé troisième ou quatrième au départ l’emporte au final (cela ne sera très probablement pas le cas, mais ce cas de figure s’était produit en 2014 lors d’une élection locale australienne), il doit quand même pour cela avoir recueilli une bonne base de « premiers choix ».

 

Et si on choisissait autrement qu’en votant ? L’analyse de Philonomist

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